★★★★★
Tadej Pogacar (SLN, UAE-XRG)
Inarrêtable sur les classiques de printemps - vainqueur des Strade Bianche, du Tour des Flandres, de la Flèche Wallonne et de Liège-Bastogne-Liège, 2e de Paris-Roubaix et de l'Amstel Gold Race, 3e de Milan-San Remo -, le Slovène attaque la deuxième partie de sa saison, axée sur les courses par étapes, et il n'y a aucune raison de penser qu'il n'y arrive pas avec sérénité, après avoir passé plusieurs semaines en altitude, en Sierra Nevada (Espagne).
Il n'a jamais remporté le Critérium du Dauphiné, qui jusqu'ici n'a jamais été son chemin préférentiel pour aborder le Tour de France - une seule participation, en 2020 (4e), quand il était encore au stade de l'éclosion -, mais on connaît l'envie de Tadej Pogacar de conquérir au moins une fois toutes les courses les plus prestigieuses du calendrier, alors l'occasion est belle cette année. On attend le champion du monde du côté des Alpes, le week-end prochain, bien sûr, mais rien ne dit qu'il ne voudra pas gratter des allumettes plus tôt, sur les reliefs bosselés autour de Montluçon dimanche, du Massif central lundi et mardi, ou vers Mâcon jeudi, pour tester son rival Jonas Vingegaard, surtout si son copain des classiques Mathieu Van der Poel a lui aussi des envies de dynamitage.
★★★★☆
Jonas Vingegaard (DAN, Visma-Lease a Bike)
On n'a pas beaucoup vu le Danois cette saison, qui n'a cumulé que neuf jours de course. Cela avait bien démarré, avec sa victoire au Tour d'Algarve (plus une étape), mais sa chute dans Paris-Nice, lors de la 5e étape vers la Côte-Saint-André, l'a empêché de finir la course et lui a surtout causé une commotion cérébrale à l'origine de son forfait au Tour de Catalogne.
Jonas Vingegaard a donc un peu plus de choses à prouver que Tadej Pogacar au départ de Domérat ce dimanche, mais il est sur son terrain, sur une course où il a ses habitudes - vainqueur en 2023, notamment, il n'avait manqué l'édition 2024 qu'en raison de sa chute au Pays basque. Les deux arrivées au sommet, samedi à Valmeinier 1800 et dimanche au Mont-Cenis, sont taillées pour lui. Au-delà de la victoire cette semaine, il doit planter une petite graine de doute dans la tête de Pogacar avant le grand départ à Lille dans moins d'un mois.
★★★☆☆
Remco Evenepoel (BEL, Soudal-Quick Step)
Le Belge a lancé sa saison tardivement, en avril, conséquence de sa grave chute à l'entraînement début décembre. Son retour dessine un parcours en dents de scie, flamboyant pour sa rentrée à la Flèche brabançonne (vainqueur) et à l'Amstel Gold Race (3e), éteint dans les Ardennaises ensuite (59e de Liège-Bastogne-Liège), un peu loin dans la bataille du général au Tour de Romandie (5e) mais vainqueur du chrono le dernier jour, ce qui lui a permis de finir cette première phase sur une bonne note.
Cette semaine, l'encadrement de Remco Evenepoel a assuré qu'il était en avance sur son tableau de marche par rapport à l'an passé, avec notamment 1,5 kg en moins sur la balance. L'an passé, le leader des Soudal-Quick Step s'était effectivement présenté au Dauphiné légèrement empâté (7e), ce qu'il avait réussi à gommer avant le Tour. Le chrono de mercredi (17,7 km entre Charmes-sur-Rhône et Saint-Péray) est évidemment son rendez-vous de la semaine pour le champion du monde de la spécialité, mais on attend surtout de voir s'il peut réduire l'écart en montagne avec les deux monstres.
★★☆☆☆
Matteo Jorgenson (USA, Visma-Lease a bike)
Sur le papier, l'Américain reprend son rôle de lieutenant de luxe auprès de Jonas Vingegaard, mais en réalité, il est désormais davantage qu'une simple option B pour sa formation néerlandaise. C'est ce qu'il a d'ailleurs prouvé en mars en prenant le relais après l'abandon du Danois sur Paris-Nice et en allant remporter le classement général de la Course au soleil pour la deuxième année de rang. Au printemps, Matteo Jorgenson a été un peu moins à son affaire sur les classiques qu'en 2024 (9e du GP E3 et 4e d'À Travers la Flandre), mais il demeure un candidat solide si son leader venait à connaître un problème. L'an passé, il avait pris la 2e place du général à seulement 8 secondes de Primoz Roglic.

★☆☆☆☆
Carlos Rodriguez (ESP, Ineos Grenadiers)
Depuis sa 5e place dans le Tour de France 2023, l'Espagnol a du mal à confirmer et à montrer de la constance. Son début de saison cette année, timide, s'inscrit dans ce cadre. Victime d'une fracture d'une clavicule sur l'UAE Tour, où il n'était de toute manière pas dans le coup, il n'a pas été beaucoup plus tranchant en Romandie (6e). L'encadrement d'Ineos lui maintient sa confiance pour en faire sa carte maîtresse au général au Dauphiné puis au Tour en juillet, mais il doit les rassurer, comme il l'avait fait l'an passé en remportant la dernière étape au plateau des Glières (4e du général).
Florian Lipowitz (ALL, Red Bull-Bora)
En plein boom depuis l'an passé, l'Allemand de 24 ans, a encore passé un palier cette saison. Deuxième de Paris-Nice, 4e du Tour du Pays basque, il a l'occasion de s'installer encore plus, alors que les gros matous de son équipe ne sont pas là, puisque Primoz Roglic et Jai Hindley soignent leurs plaies du Giro et qu'Aleksandr Vlasov devrait être aligné en Suisse. Les Red Bull vont donc majoritairement bosser pour lui cette semaine. Florian Lipowitz est à l'aise en montagne, mais il se défend aussi contre la montre. Le Critérium du Dauphiné doit lui convenir.

Santiago Buitrago (COL, Barhain Victorious)
Le Colombien a démarré fort la saison (vainqueur du général du Tour de Valence, 2e du Tour des Alpes-Maritimes), mais la suite a été plus compliquée, avec notamment une chute dans Paris-Nice qui l'a contraint à l'abandon (4e étape) et lui a causé une commotion. Il a eu du mal à enchaîner, notamment au Tour du Pays Basque (13e), où il s'était aligné sans s'être vraiment entraîné. Les Bahrain lui maintiennent leur confiance pour l'instant, mais Lenny Martinez campe une belle deuxième option, surtout pour viser des étapes. Le Français s'est certes fait tirer les oreilles pour son inattention dans l'étape des bordures de Paris-Nice, mais ses résultats parlent pour lui cette année : une étape sur Paris-Nice, une autre en Romandie et une 4e place à la Flèche Wallonne, à seulement 21 ans.