Certains ont des noms bien français, comme Nicolas Deschamps et Christophe Boivin à Grenoble, et un joli accent. Ils sont souvent les meilleurs marqueurs de Ligue Magnus. Mesdames, Messieurs, voici les joueurs canadiens. Le pays du hockey sur glace représente le contingent étranger le plus important de Ligue Magnus (56 joueurs, soit 17,7 % des effectifs, selon le site Elite Prospects, devant les Finlandais, 19). Grenoble et Angers en comptent respectivement huit et dix. La qualité de la formation au Canada et la langue commune, surtout pour les Québécois, expliquent leur nombre. Mais les joueurs du pays à la feuille d'érable représentent aussi un très bon rapport qualité-prix. « Un bon joueur suédois ou finlandais sera convoité chez lui, compare Jacques Reboh, le président de Grenoble. Les clubs chercheront à le conserver. »
La Suède et la Suisse plus populaires que la France
Le Canada déborde de bons joueurs qui n'ont pas réussi à entrer en NHL ou à performer dans une ligue nord-américaine. Plutôt que de remiser crosse et palet, ils traversent l'Atlantique. La France n'est pas leur choix numéro un. Les Canadiens visent les grandes ligues, comme la Suède ou la Suisse. Questions de niveau et de rémunération. Mais la France peut aussi intéresser. Comme rampe de lancement ou pour « un joueur qui a la trentaine, des enfants, qui veut encore faire un petit bout de chemin et qui sait qu'on vit très bien en France, peut se dire : pourquoi pas trois-quatre saisons là-bas ? », explique Jean-François Dufour, le manager général de Grenoble, Canadien installé dans l'Hexagone depuis bientôt vingt ans. Quand il jouait, le Championnat français n'était pas connu chez lui. Aujourd'hui, il l'est de plus en plus. « La Ligue Magnus intéresse davantage les Québécois (55 % des Canadiens qui y jouent), poursuit Dufour. Il y a beaucoup de médias qui en ont parlé là-bas. Des joueurs et des entraîneurs ont eu du succès en France. »
Le recrutement se fait par les réseaux d'anciens joueurs, les agents et les plateformes vidéo. La concurrence est surtout entre équipes françaises. Un joueur qui a le potentiel pour la Suisse sera directement proposé là-bas. Un club de Ligue Magnus peut compter autant de joueurs étrangers qu'il souhaite. Mais il ne pourra en cocher que dix sur la feuille de match. La seule obligation concerne les joueurs formés en France (dix dans chaque équipe). En ce qui concerne le salaire, les meilleurs clubs de Ligue Magnus peuvent offrir 50 000 à 60 000 euros annuels à un très bon joueur canadien. « À un très bon joueur français également, précise Reboh. Mais le Canadien sera meilleur, et le joueur français, rare. »
Très peu ont le mal du pays. Certains ne s'adaptent pas aux patinoires européennes, plus grandes qu'en Amérique du Nord. En fin de saison, Grenoble n'a pas de problème pour garder ceux qui sont venus chercher une stabilité. Il sera toujours temps de rentrer au pays plus tard. Et de raconter au coin du feu avoir joué chez les cousins français.