Qu'avez-vous retenu de votre audition de Mercedes Taffarel, la mère de feu Emiliano Sala, mercredi après-midi au Sénat ?
C'était un moment très particulier, avec une maman qui a encore beaucoup de questions restées sans réponses. Cette famille n'a toujours pas fait son deuil. À côté de ça, j'ai essayé de regarder un sujet sur lequel on nous alerte depuis des années sans faire de propositions : celui des agents et de leurs missions, qui est un vrai problème.
On nous a expliqué que dans cette affaire (le décès accidentel de Sala, en janvier 2019), un agent utilisait son fils car il avait été radié, à l'époque (il évoque le cas de l'intermédiaire écossais Willie McKay, organisateur du vol fatal à l'attaquant argentin, qui est intervenu sans licence dans ce transfert funeste, alors que son fils Mark disposait du mandat vente de Sala accordé par le FC Nantes).
« Les règles spécifiques qui régissent ce métier sont la prérogative des fédérations et des ligues. Est-ce également au législateur d'en établir ?
Souhaitez-vous aborder le sujet du milieu des agents dans votre proposition de loi (PPL) sur l'organisation, la gestion et le financement du sport professionnel, dont vous êtes le rapporteur (elle arrive devant le Sénat le 10 juin) ?
Il faut regarder si on a une fenêtre qui peut s'ouvrir sur ce thème dans le cadre de notre PPL, si l'on peut y rattacher quelque chose. Pour l'instant, cela me paraît en dehors du périmètre. Mais qu'on ouvre au moins le débat ! Les règles spécifiques qui régissent ce métier sont la prérogative des fédérations et des ligues. Est-ce également au législateur d'en établir ? Comme sur d'autres sujets, on s'aperçoit que si l'on attend que les propositions viennent des milieux concernés, c'est compliqué...
C'est-à-dire ?
À chaque fois que l'on a évoqué ce sujet avec nos interlocuteurs, on a bien compris que c'était délicat, qu'il y avait des intérêts personnels... Quand on voit la situation des clubs, ce sont quand même des dizaines de millions d'euros qui circulent chaque année (en commissions de transferts). Et tout cela est d'une opacité qui mériterait peut-être un travail spécifique. Tout le monde est conscient ou a connaissance de ces problématiques mais personne ne nous en parle.
Concernant un autre texte, une date a-t-elle été fixée pour l'examen de la PPL, à l'Assemblée nationale, sur l'interdiction du port de signes religieux, et notamment le voile, en compétition ?
J'ai vu que le président Macron y est favorable(à cette interdiction), ce qui est une nouveauté, et je souhaite qu'on passe de la parole à l'acte. Je sais pas si sa prise de position va accélérer les choses mais pour l'instant, on a aucun retour de l'Assemblée. Il y a un manque de volonté politique du gouvernement de porter cette PPL. Il y a peut-être un embouteillage législatif, mais d'autres PPL sont débattues. Je pense qu'ils craignent, peut-être à juste raison, que le débat s'enflamme à l'Assemblée sur cette question. »