La scène se répète et le sélectionneur des Espoirs ne cache pas son agacement. À l'image du casse-tête des Jeux Olympiques, Gérald Baticle doit composer sans plusieurs éléments majeurs, tout comme son prédécesseur Thierry Henry en juin 2024, à cause du refus des clubs de libérer leurs joueurs pour une compétition non inscrite au calendrier de la FIFA. « J'ai plusieurs sentiments. J'ai de l'incompréhension et de l'agacement », souffle Baticle, dont la frustration se lit sur son visage, en conférence de presse à Clairefontaine ce mardi midi.
Parmi les absents : le Lillois Ayyoub Bouaddi, le Monégasque Maghnes Akliouche, les Rennais Arnaud Kalimuendo et Jérémy Jacquet ainsi que le Lorientais Eli Junior Kroupi. « Quand le courrier (des clubs) est arrivé, c'est fini, c'est tranché. Il n'y a plus de discussion », explique celui qui a pris la relève de Henry à la fin des Jeux de Paris 2024.
Lundi en fin d'après-midi, il a informé par courrier le staff des Espoirs de l'indisponibilité de Kalimuendo et de Jérémy Jacquet pour l'Euro, l'expliquant par des douleurs physiques ne leur permettant pas d'être à 100 %, tout en mentionnant le caractère hors dates FIFA de l'Euro...
Les deux joueurs sont venus lundi comme prévu pour le premier jour de rassemblement, pour repartir le soir même, sans que la possibilité qu'ils se remettent de leurs pépins physiques avec les Espoirs d'ici l'Euro soit envisageable, donc. J. Ri.
Vice-champion olympique avec la France, Akliouche (23 ans) aurait pu engranger une expérience supplémentaire en sélection Espoirs. « Les JO ont donné beaucoup d'émotions à tout le monde. [...] Ça a donné un élan aux joueurs. [...] On avait l'impression qu'avec toute cette ferveur, ça allait faire changer les mentalités », regrette Baticle. Mais l'élan est encore une fois freiné par les clubs, qui peuvent être préoccupés à la fois par la reprise, la fatigue physique de leurs joueurs ou encore le marché des transferts.
« Il y a des règles. On les applique. Elles sont en notre défaveur parce que les dates ne sont pas bien placées. Et on ne peut que subir »
Gérald Baticle, sélectionneur des Bleuets
Face à ces absences, le sélectionneur doit s'adapter. Ce mardi matin, Baticle a convoqué l'attaquant nantais Matthis Abline pour renforcer un groupe ramené à 25 éléments, dont il faudra encore retirer deux noms pour la compétition européenne en Slovaquie. « On revoit notre groupe, on équilibre, on trouve des solutions et on avance. [...] On passe de l'énergie à reconstruire le groupe, confie l'ancien coach d'Angers. On peut encore appeler des solutions externes avec des joueurs qui ont performé dans la saison. »
Une énergie qu'il aurait pu consacrer ailleurs alors qu'il déplore une frustration, « parce qu'on n'a pas d'armes pour lutter contre les décisions ». Baticle évoque également un problème structurel : « Il y a des règles. On les applique. Elles sont en notre défaveur parce que les dates ne sont pas bien placées. Et on ne peut que subir. »

Une envie intacte de « faire un superbe tournoi »
Pourtant, le message qu'il veut faire passer sur la sélection reste clair. « Le maillot bleu passe avant tout. Quelle que soit la catégorie », a-t-il répété à plusieurs reprises tout en remerciant les clubs français et étrangers qui jouent le jeu. Le technicien insiste sur la valeur de ces compétitions pour la jeunesse tricolore.
Malgré tout, l'envie demeure et le discours reste positif : « On garde notre détermination, notre envie de faire un superbe tournoi. » Une manière de rappeler que, malgré les obstacles, cela n'empêchera pas les bons résultats à l'Euro. À l'image de l'équipe de France olympique, confrontée aux mêmes problèmes en amont de la compétition et qui a atteint la finale des Jeux de Paris.