Il est bien connu que débuter tôt une discipline en garantit une meilleure maîtrise. Mais laquelle, hormis la natation, peut se prévaloir de débuts dès l'âge de... quatre mois ? C'est en effet la période à laquelle on peut lancer son enfant dans le grand bain lors des fameux programmes de « bébés nageurs » proposés par des moniteurs professionnels et agréés dans les piscines près de chez vous. Une initiative plébiscitée par les parents en quête d'un moment de complicité aquatique avec leur nouveau-né, mais dont la portée sur les capacités futures du jeune flotteur est inconnue.
Fille de maîtres-nageurs, la championne française Charlotte Bonnet confirme avoir été un bébé-nageur, mais assure aussi que bon nombre de ses pairs n'ont pas connu le même cursus. « Ça aide car je pense qu'il y a une part de génétique dans tout ça, c'est indéniable, confie la médaillée olympique et double médaillée mondiale en grand bassin, mais cela ne me paraît pas nécessaire pour autant. »
Léon Marchand a été mis au bain plus tard
Le quadruple médaillé d'or olympique français Léon Marchand, par exemple, a été mis au bain plus tard (première licence aux Dauphins du TOEC, à Toulouse, à l'âge de six ans) par ses parents champions, Xavier Marchand et Céline Bonnet. « Les enfants ayant participé aux bébés nageurs n'ont pas une garantie de performance sportive, confirme Emeline Riffier, ancienne nageuse de haut niveau désormais maître-nageuse diplômée d'état et coach en natation bébé (*). Néanmoins, ce sont des enfants qui seront à l'aise avec leur corps dans l'eau, apprendront plus aisément à nager, développeront moins de peur autour de l'élément et seront en capacité de se mettre en sécurité non seulement parce qu'ils connaîtront les limites de l'eau, mais aussi parce qu'ils sauront ce qu'ils sont capables de faire avec leur corps et comment s'y prendre une fois plongés dedans. »
Selon une étude norvégienne publiée en 2010 qui a comparé des enfants de 4 ans ayant ou non participé à un programme de bébés nageurs, la nage douce renforce le développement musculaire des tout-petits, leurs capacités motrices et rend leurs articulations plus flexibles. Elle peut consolider leurs coeurs et leurs poumons, tout comme améliorer leur flux sanguin. « L'activité bébés nageurs est une combinaison unique de stimulation sensorielle, motrice, cognitive, et émotionnelle, résume Emeline Riffier. Elle favorise les connexions neuronales, le développement des fonctions exécutives et la coordination des deux hémisphères du cerveau. C'est une activité complète qui pose des bases solides pour les apprentissages futurs. »
Un atout dans le développement mental de l'enfant
La natation nécessite des mouvements physiques appelés mouvements croisés bilatéraux, des schémas de mouvements pouvant accélérer le développement du cerveau d'un individu. Une donnée sur laquelle s'appuie une étude de l'université australienne de Griffith menée durant quatre ans sur plus de 7 000 enfants pour établir que les nourrissons qui nagent pourraient progresser dans leur développement mental plus rapidement que ceux qui ne le font pas.
Si l'inscription aux bébés-nageurs ne garantit donc pas une future place sur un podium olympique, elle est en tout cas plébiscitée par les anciens champions eux-mêmes. Peter Vanderkaay, membre du relais 4x200 m nage libre américain sacré à Athènes en 2004, est devenu un ambassadeur de la pratique en s'associant à la chaîne américaine Big Blue Swim Schools. Quant à Michael Phelps, sportif le plus titré et le plus médaillé de l'histoire des Jeux (23 médailles d'or), il a accompagné ses fils Boomer, Beckett, Maverick et Nico dans l'eau chlorée dès leur troisième mois. L'aîné, selon les dires de son père, serait déjà un crack et maîtriserait même le papillon.
(*) « J'éveille mon bébé dans l'eau », Hatier Parents, 160 pages.