Une finale à Munich, une année impaire, contre un club de Milan, la saison suivant le départ de son meilleur joueur et où le format de la compétition a changé. Toutes ces coïncidences, à trente-deux ans d'écart, réveillent des souvenirs glorieux pour les anciens Marseillais, ceux de 1993, les seuls d'un club français à avoir soulevé cette Ligue des champions tant convoitée. Les similitudes avec le parcours du PSG de 2025 arrachent un sourire aux anciens Olympiens à leur énumération, même si Bernard Casoni prévient tout de suite : « Il n'y a aucune comparaison possible avec ce PSG-là. C'est un club soutenu par un État. »
Sur le plan strictement sportif, les deux équipes ne se ressemblent pas davantage à écouter Basile Boli, unique buteur ce soir du 26 mai 1993. « La grande différence avec nous, c'est que Paris a une équipe très jeune, avec beaucoup de potentiel, entre (Désiré) Doué (19 ans), le petit (Joao) Neves (20), Vitinha (25), pense l'ancien défenseur. Avec le vieux (Raymond Goethals), on avait une équipe beaucoup plus expérimentée, redoutable tactiquement avec notre duo au milieu, Didier (Deschamps) et Franck (Sauzée). »
Présent à Giuseppe-Meazza lors de la demi-finale retour entre l'Inter Milan et le Barça (4-3 a.p. ; 3-3 à l'aller), le 6 mai, Boli devine une opposition de style à venir entre le PSG de Luis Enrique et l'Inter de Simone Inzaghi : « Il va falloir voir comment la jeunesse parisienne va réagir face à cette équipe italienne qui a une science tactique incroyable et qui a su éliminer un autre favori. » Casoni lui répond : « De toute façon, une finale, c'est toujours du 50-50. L'Inter a créé la surprise face à Barcelone, mais Paris est monté en puissance aussi depuis la phase à élimination directe. Éliminer trois clubs anglais, dont Liverpool, ce n'est pas rien. »
« Cette équipe est devenue un véritable collectif. Ils travaillent tous ensemble, ils courent tous ensemble »
Jean-Philippe Durand, ancien milieu de l'OM
Outre une confiance accrue née de ce parcours, Jean-Philippe Durand note un grand changement au PSG, cette année. « Les saisons précédentes, il y avait autant de talent, autant de qualités techniques dans cette équipe, peut-être même plus, assure l'ancien milieu, aujourd'hui recruteur pour Schalke 04. C'est au niveau mental qu'ils ont le plus progressé. Après avoir été en grande difficulté en phase de ligue, ils ont réussi un parcours remarquable. Il faut avoir du répondant au niveau du caractère. »
Et une cohésion d'équipe importante, probablement. Casoni encore : « Cette équipe est devenue un véritable collectif. Ils travaillent tous ensemble, ils courent tous ensemble. Il n'y a plus de stars, de joueurs qui se déchargent de certaines tâches. Ce n'est pas un hasard si la très grande force de Paris, c'est sa récupération de balle très haute. » Un atout que les Parisiens ont su utiliser pour se hisser jusqu'à cette dernière marche, et peut-être plus haut encore.
« Sincèrement, je préfère que Paris gagne »
Bernard Casoni, ancien défenseur de l'OM
Les Marseillais de 1993 ont-ils le coeur qui balance pour cette finale ? Interrogé sur une éventuelle préférence, en marge de la présentation de sa liste pour le Final Four de la Ligue des nations, Deschamps n'a pas botté en touche. « Je suis sélectionneur de l'équipe de France, il y a une équipe française en finale, même si j'ai un passé marseillais, ça me paraît tellement évident, s'est étonné l'ancien capitaine de l'OM. Même si j'ai deux joueurs qui sont concernés avec l'Inter, Benjamin (Pavard) et Marcus (Thuram), évidemment que ce serait la meilleure des choses pour le football français (que le PSG gagne). »
Ses anciens coéquipiers ont-ils un pronostic pour cette finale ? « Mon coeur est bleu et blanc mais, malheureusement, les Parisiens sont favoris, estime Boli. Ils ont les capacités d'aller au bout, cette fois. » Durand ne dit pas le contraire, mais avec moins de passion : « Je suis assez neutre et, sans être supporter, je pense que ce serait mieux pour le foot français que le PSG la remporte. » Et Casoni de conclure : « Sincèrement, je préfère que Paris gagne parce que c'est un club français. Ça ne nous enlèvera rien du tout, on restera à jamais les premiers. »