Arrivé à la demande de Pierre-Christophe Baguet, le maire de Boulogne-Billancourt (LR), pour lancer le projet basket de la ville des Hauts-de-Seine, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France (2000-2003), Alain Weisz, ne digère toujours pas la disparition des Metropolitans 92. L'ex-directeur des opérations sportives du club pense qu'elle aurait même pu être facilement évitée si le maire de la ville l'avait voulu.
« Les Metropolitans 92 ont été placés en liquidation judiciaire à l'automne dernier. Ce que vous redoutiez en 2023 est finalement arrivé.
Malheureusement, oui, et pour moi, c'est une cicatrice qui n'est pas refermée. Pierre-Christophe Baguet m'avait appelé pour me dire : "je vais monter un club de basket mais je ne le fais qu'avec toi." C'était vraiment une preuve d'amitié. On se connaît depuis 40 ans. Et puis, petit à petit, j'ai senti que ses appels téléphoniques se faisaient de plus en plus rares. Quand je demandais à le voir, il était toujours occupé. Au départ, il voulait son palais des sports. Son opposition lui disait : "vous mettez beaucoup d'argent public mais à l'arrivée, c'est Levallois qui en profite." Ça, ça l'a marqué et sa motivation a baissé peu à peu. Pourtant, malgré le départ de (Victor) Wembanyama (drafté en première position par les San Antonio Spurs, en 2023), le club était en pleine santé sportivement, on avait acquis une reconnaissance énorme. Cette disparition est unique dans les annales du basket français. C'est un immense gâchis.
Le club aurait-il pu être sauvé ?
Bien sûr. Lorsqu'ils m'ont demandé de m'arrêter parce que j'avais 70 ans, il fallait me remplacer par quelqu'un de compétent. Mais Baguet ne l'a pas voulu. Il a mis deux personnes à la tête du club qui étaient ignorantes des affaires du basket professionnel. Le recrutement a été catastrophique, il y a eu des erreurs administratives. Ils ne savaient même pas que le nombre de contrats était limité à seize. Des trucs d'amateurs. Je me demande s'il ne l'a pas fait exprès.
« Ce qui s'est passé avec un club en pleine santé, c'est unique »
Pourquoi ?
Il y a deux options. Soit c'était sa danseuse et elle ne l'excitait plus, soit c'est tout simplement pour des raisons politiques, dans la mesure où on lui reprochait de dépenser l'argent des Boulonnais alors que ces derniers n'en profitaient pas. Même si on invitait des enfants de Boulogne pour les matches, c'était à Levallois que ça se passait. Pour tout le monde, c'était l'équipe de Levallois. Au final, ils sont tombés dans la honte avec la mise en liquidation judiciaire. Ce qui s'est passé avec un club en pleine santé, c'est unique. Je n'ai jamais vu, jamais, le grand patron d'un club dire, pour convenance personnelle : "bon, maintenant, j'arrête."
Donc l'histoire selon laquelle il n'y avait plus d'argent, vous n'y croyez pas ?
Non. La dernière saison, quand j'ai vu la tournure que cela prenait, j'ai écrit au maire et je lui ai dit : "Bon, écoute, si tu veux, je te fais le recrutement". Je n'ai jamais eu de réponse. En fait, il ne voulait pas risquer qu'on gagne encore des matches. Il est parfaitement arrivé à ses fins. L'équipe a été ridicule (4 victoires, 30 défaites) alors qu'elle avait encore un budget pour faire beaucoup mieux (13e budget sur 18).
Le club aurait-il pu être vendu ?
Bien sûr. Il y avait beaucoup d'acheteurs. Mais ils ont tout repoussé.
« Je pense qu'on voulait cacher les comptes »
Mais pourquoi auraient-ils agi ainsi ?
Je ne sais pas s'ils veulent cacher les comptes ou... Et puis vous savez, parfois, on n'aime pas que d'autres s'emparent d'un projet que vous avez lancé.
Les comptes de la BBSD, la société qui détenait le club, n'ont pas été publiés depuis 2021. Qu'en dites-vous ?
Moi, je les connais, les comptes. J'étais à toutes les réunions. Je ne vais pas aller sur ce terrain. Mais bon, je pense qu'on voulait les cacher. On ne voulait pas que ce soit mis sur la place publique. Il y a beaucoup d'obscurité dans toute cette aventure. C'est vraiment bizarre. »