Bien avant les confettis et le passage musical obligé We Are The Champions pour Fenerbahçe, le protocole d'après-match a démarré sur une belle fausse note. Sonné par la défaite en finale d'Euroligue (81-70), Mike James s'est retrouvé sans trop savoir pourquoi seul au centre du parquet pour recevoir des mains du PDG de l'Euroligue, Paulius Motiejunas, un plateau d'argent. Le « trophée » de la deuxième place attribué au capitaine du vaincu, dont le meneur US s'est vite délesté.
Assis sur la table de marque de l'Etihad Arena, Elie Okobo avait lui aussi les yeux dans le vide et les regrets éternels. Les deux pistoleros de la Roca Team - respectivement 15,9 et 13 points de moyenne sur la campagne européenne - ont tiré à blanc dimanche : 6 sur 19 pour l'Américain et un douloureux zéro pointé (0/8) pour l'international français. « Je suis fier d'eux », a balayé Vassilis Spanoulis en conférence de presse, sans autre commentaire sur le match du duo.
James s'est égaré
Vendredi encore, on louait la patience du meneur monégasque, appliqué en deuxième mi-temps contre l'Olympiakos (78-68) et ravi de laisser la vedette à Alpha Diallo ou Jaron Blossomgame. Mais devant l'odeur d'un premier titre européen, James (17 points en 19 tirs, 2 passes) est tombé dans le piège tendu par les Stambouliotes.
Son poseur principal, le poison Devon Hall, en dévoilait les contours : « On veut que lui et les autres prennent des tirs difficiles. Pas de problème s'ils les mettent, on sait que si on défend comme ça, ils auront des problèmes toute la soirée ». Alors James a forcé, entre tirs primés vendangés, comme ceux pour revenir à -4 (61-68, 37e), et pénétrations casse-pipe à l'image de celle où le natif de Portland s'est empalé sur Nigel Hayes-Davis avant de cafouiller le ballon.
Pire, le MVP 2024 de l'épreuve n'a pas délivré la moindre passe décisive avant un service pour Daniel Theis à la 34e minute. Muet devant les médias, avant de remercier sur X les fans monégasques, James devra attendre septembre pour reprendre, à 35 ans (il les aura en août), son bâton de pèlerin et chasser à nouveau le titre européen qui le fuit depuis 11 ans. Sous contrat jusqu'en 2027, il aura encore deux opportunités de le faire sur le Rocher.
Okobo est resté muet
Encore plus que vendredi, les arbitres ont laissé les défenses donner le ton. Et Elie Okobo (0 point, 5 passes) a fini par plonger devant l'intensité hors norme d'une finale européenne. Bousculé sur tous ses tirs, toutes ses pénétrations main gauche, l'international français n'a jamais entendu le bruit salvateur du ballon qui transperce le filet ou celui du coup de sifflet pour l'envoyer sur la ligne des lancers francs.
Alors que Fenerbahçe multipliait les switches, quitte à envoyer ses intérieurs en périphérie face aux arabesques des meneurs monégasques, Okobo n'a jamais trouvé le chemin du panier, barré une dernière fois par Khem Birch à l'entrée du dernier quart. L'ancien de l'Asvel n'a pas sauvé son match en défense. Quand Wade Baldwin ne le faisait pas souffrir sur ses pénétrations, il se retrouvait, après switch, à défendre le MVP du Final Four Nigel Hayes-Davis, plus costaud que lui. Rappelé sur le banc dans le money-time, il n'en est sorti que pour suppléer Alpha Diallo, exclu pour cinq fautes.