Sur l'affiche vintage des Championnats de France, collée sur le mur juste derrière les plots, on voit quatre visages : Anastasiia Kirpichnikova, Béryl Gastaldello, Maxime Grousset et Yohann Ndoye-Brouard. Il en manque deux, Léon Marchand et Florent Manaudou. Si leurs absences laissent un grand vide dans les tribunes, elles n'enlèvent rien à l'enjeu de la semaine pour tous les autres : se qualifier pour les Championnats du monde à Singapour (du 27 juillet au 3 août).
Dans la fournaise de la piscine Angelotti, les nageurs pensent plus aux minima, les mêmes que ceux pour les JO, qu'à cette équipe de France sans grand leader. Chacun a été prévenu. Juste avant l'annonce officielle de la dérogation accordée au quadruple champion olympique, Denis Auguin a « écrit à un panel d'athlètes et d'entraîneurs » pour leur expliquer cette décision et aucun n'a demandé plus d'informations, une « preuve de maturité » selon le DTN par intérim.
« Les Championnats du monde post-JO ont été pendant longtemps un peu plus accessibles, ça ne l'est plus du tout »
Denis Auguin, DTN par intérim
Dans cette saison post-JO en France, c'est la remobilisation générale car tout le monde voit bien les excellents chronos qui tombent des États-Unis, du Canada ou d'Australie. « Les critères sont exigeants, le but était de conserver les nageurs totalement investis dans la saison, prévient l'ancien entraîneur d'Alain Bernard. Les Championnats du monde post-JO ont été pendant longtemps un peu plus accessibles, ça ne l'est plus du tout. Le niveau ne baisse pas comme avant. »
Pour les têtes d'affiche françaises, c'est aussi le moment de se rassurer (Kirpichnikova), ou de marquer un peu son territoire (Grousset). Après une longue pause, la vice-championne olympique du 1 500 m s'inquiétait en avril sur sa faculté à réaliser les minima. Son stage à 1 900 m d'altitude en Arménie lui a redonné confiance et elle a débarqué jeudi à Montpellier avec un grand sourire. « Je me sens très bien. J'ai fait un très bon stage, je reviens un peu à mon niveau, a commenté la protégée de Philippe Lucas, affûtée et délestée de 4 kg. J'espère faire un bon temps. » Pour le champion du monde du 100 m papillon 2023, les voyants sont aussi verts et les pépins physiques (épaule, dos, rhume) oubliés. Comme les absents cette semaine.