Du temps où il régnait sur les bassins, le double champion du monde du 100 m (2011, 2013) James Magnussen était surnommé « le Missile ». Pour sa vitesse et sa puissance que l'Australien, aujourd'hui retraité, met désormais au profit des... « Enhanced Games », ces « Jeux Olympiques du dopage », où toutes les substances légalement prescriptibles par un médecin aux États-Unis sont autorisées sans limites de dosage. Le long format de L'Équipe explore, « Les nouveaux Jeux du cirque », plonge dans la réalité de cette « compétition » et raconte les premiers mois d'expérimentation du dopage de Magnussen.
Fin 2024, le nageur, intéressé par la prime d'un million de dollars promise par les Enhanced Games à ceux qui battraient des records du monde, déménage aux États-Unis et y commence sa cure de substances dopantes : il se donne moins de six mois pour faire tomber le record du 50 m et offrir au projet encore balbutiant un coup de pub extraordinaire.
« Un athlète amélioré est capable de repartir au charbon en quelques heures »
Brett Hawke, entraîneur de James Magnussen
Les effets des produits sont immédiats. « Alors qu'il faut normalement un ou deux jours à un athlète naturel pour récupérer après un entraînement, un athlète amélioré est capable de repartir au charbon en quelques heures », s'enthousiasme Brett Hawke, ancien coach de César Cielo et Frédérick Bousquet, qui accepte de l'entraîner.
La transformation physique de Magnussen est ahurissante. En quelques semaines, il monte à 114 kg sur la balance, 20 de plus que son poids de forme lorsqu'il était pro, « 10 ou 15 kg de plus que le nageur le plus lourd de l'histoire, dit l'intéressé. Après quelques mois de préparation, je ressemblais plus à un bodybuilder qu'à un nageur. »
En février 2025, il s'attaque à l'emblématique record de Cielo (20''91 en 2009, avec combinaison) mais c'est un énorme bide : Magnussen est beaucoup trop lourd, sa carrure le gêne dans sa nage et sa flottaison. « J'étais si énorme que j'aurais dû prétendre au titre de Mister Univers plutôt qu'à essayer de battre des records dans une piscine », admet-il avec le recul.
Magnussen dit avoir pris durant sa préparation un cocktail de quatre produits (du BPC-157, du CJC-1295, de l'ipamoréline et de la thymosine). « Ce sont des peptides et des hormones, des substances qui permettent d'augmenter les capacités musculaires : je ne suis pas surpris qu'il ait fini avec un corps bodybuildé, affirme Olivier Rabin, directeur scientifique de l'Agence mondiale antidopage, organisme qui condamne l'évènement. Ce ne sont plus des traitements de grand-papa, avec les bons vieux stéroïdes anabolisants, mais les effets délétères pour la santé sont les mêmes. On dirait qu'ils essayent des choses sans savoir si cela va fonctionner. Il est clair qu'ils utilisent l'athlète comme un cobaye. »