Leny Yoro avait quitté la pelouse du stade d'Old Trafford en larmes, le 11 mai, à la 52e minute du match contre West Ham (0-2), touché au même pied que celui fracturé en août, et les craintes de le voir renoncer à la finale de la Ligue Europa contre Tottenham, dix jours plus tard, étaient immenses. Mais le diagnostic fut rassurant, les dégâts moins importants que redouté et voilà le jeune défenseur central français prêt à sauver, ce mercredi soir à Bilbao, ce qui peut encore l'être d'une première saison anglaise plutôt contrastée. L'achever sur un titre européen, un billet pour la prochaine Ligue des champions et un statut de titulaire à Manchester United ne serait pas si mal, tout de même, à 19 ans.
Malgré tout, lorsqu'il s'est engagé avec les Red Devils jusqu'en juin 2029 pour un montant de 70 M€ (bonus inclus), celui qui allait devenir la plus grosse vente de l'été dernier sur le marché français ne s'imaginait pas vivre autant de péripéties. Entre sa blessure contractée face à Arsenal, le 28 juillet, en amical, alors que la Premier League n'avait pas encore commencé, ses quatre premiers mois passés à l'infirmerie, un retour à la compétition en décembre marqué par six défaites en sept matches avec un entraîneur, Ruben Amorim, qui n'était pas celui qui l'avait recruté, Erik ten Hag, ou une rechute en mars pour trois semaines, l'ancien Lillois avait de quoi se poser des questions.
Rio Ferdinand lui a servi de guide
Le manager portugais a répondu à certaines d'entre elles. Début mars, il louait sa force de travail, ses qualités intrinsèques et précisait qu'il « prenait du muscle », ce qui est indispensable pour résister aux duels en Angleterre. « Je pense qu'il deviendra un très grand joueur et qu'il aura une grande carrière, ici, à Manchester », l'encensait même le nouvel entraîneur de MU. Le club l'a aussi accueilli avec bienveillance. Rio Ferdinand, plus de 450 matches sous le maillot mancunien, lui a servi de guide dans un premier temps, comme il avait été chargé de l'être pour Raphaël Varane en 2021. Et si l'ancien Madrilène avait une meilleure maîtrise de l'anglais en traversant la Manche que son jeune successeur, depuis, Yoro a profité de son absence des terrains pour suivre des cours. Il peut désormais échanger sans difficulté.
« Regarde-t-il l'arbitre de touche pour voir s'il va le tirer d'affaire ? Je ne sais pas s'il pensait qu'il y avait hors-jeu. Nous savons tous qu'il y a but »
Thierry Henry, à propos de Leny Yoro
Même blessé, l'international Espoirs français a essayé de séjourner le plus souvent possible à Manchester pour faciliter son intégration. Il est bien retourné quelques fois dans le Nord pour voir jouer deux de ses jeunes frères licenciés au LOSC en U12 et U14, mais il ne s'y est jamais éternisé. Sa vie est désormais en Angleterre où il a pu mesurer à quel point le football prenait une autre dimension. Chaque match est disséqué, chaque erreur scrutée par des consultants sans concession, y compris des compatriotes. Thierry Henry ne l'avait ainsi pas ménagé sur Sky Sports après la lourde défaite à Newcastle (1-4, le 13 avril) : « Pause sur Yoro. Je ne sais pas ce qu'il regarde. Regarde-t-il l'arbitre de touche pour voir s'il va le tirer d'affaire ? Je ne sais pas s'il pensait qu'il y avait hors-jeu. Nous savons tous qu'il y a but. Qu'est-ce qu'il regarde ? En fait, je ne sais pas. Je n'avais jamais vu ça auparavant... »
Mais le Français a conservé la confiance d'Amorim. Trois jours plus tôt, il avait d'ailleurs marqué un but précieux, à Lyon (2-2), en quarts de finale de C3, le seul pour l'heure avec son nouveau club. Surtout, il s'est imposé comme un premier choix dans la défense à trois de l'entraîneur portugais, repoussant Matthijs de Ligt et Victor Lindelöf sur le banc. Et ces derniers jours, l'entraîneur portugais a surtout cherché à le ménager afin d'être sûr de pouvoir compter sur lui, ce mercredi soir, pour le rendez-vous le plus important de la saison de Manchester.