« Richard Gasquet est sans doute le joueur français qui a eu le plus de pression sur ses épaules de tous les temps. A-t-il eu une grande carrière ? Oui ! Parce qu'il a joué contre les meilleurs joueurs de tous les temps. Sans eux, il aurait pu remporter un titre du Grand Chelem.
Ça ne l'a sans doute pas aidé de faire partie de cette histoire, mais d'un autre côté quelle chance il a eue d'être pote avec Rafa ! Ce qui est le plus marquant avec lui, c'est que tout le monde aime le voir jouer. Sur toutes les surfaces, contre n'importe qui. Et ça, ça me rend jaloux car je peux vous dire que ça n'a jamais été mon cas...
22 Roland-Garros : je suis encore plus bluffé par sa longévité, qui ajoute davantage à sa légende. Il n'a jamais cessé de jouer et de rejouer encore, même après avoir compris qu'il ne gagnerait pas en Grand Chelem. Cela montre que la pression dont il a souffert enfant n'était pas assez forte pour l'éloigner du jeu. Parce qu'il aime le tennis par-dessus tout. Quand on est aussi fort que lui au plus jeune âge, il faut espérer que cela soit le cas. Or, bien souvent, ça ne l'est pas. Quand vous le regardez jouer aujourd'hui, on voit qu'il s'amuse et c'est tellement sain. Ça n'a pas toujours été le cas.
« Un dernier match contre le n°1 mondial, c'est la fin parfaite, quoi qu'il advienne »
Si j'avais été son coach à une époque, je lui aurais dit que parfois, sur le court, on avait l'impression qu'il portait le monde sur ses épaules, que c'était douloureux, qu'il n'appréciait pas ces moments-là. Ce qui était sans doute vrai. Mais qui peut être heureux d'affronter Nadal sur le Philippe-Chatrier ? Ou Djokovic sur dur ? Ou Federer sur gazon ? La meilleure nouvelle de la journée, c'est que Richard Gasquet aime tellement le tennis qu'il va prolonger ce plaisir. Un dernier match contre le n°1 mondial, c'est la fin parfaite, quoi qu'il advienne.
Pour travailler depuis si longtemps dans le tennis, je peux vous dire qu'à chaque fois que Richard jouait, je me frottais les mains en me disant : peut-être qu'il peut gagner. Parce qu'il joue si différemment des autres, on se dit toujours qu'il a une chance de battre les meilleurs. Et si tel est le cas, c'est la garantie que le match sera somptueux. Voilà pourquoi j'aurais adoré l'affronter. On se serait tellement marré ! Son lift de revers me serait passé au-dessus de la tête, un peu comme c'était le cas face à Cédric Pioline, dans un style similaire, mais ça aurait été un réel plaisir. Car avec Richard, tout est open. Son tennis est libre et c'est tout ce qu'on adore en lui. »