Confrontés ces derniers jours à une série noire de blessures, les Toulousains auraient pu débarquer avec talismans et gri-gri samedi après-midi sur la pelouse du Matmut Atlantique, lors de l'entraînement de veille de match, histoire de conjurer le mauvais sort. Ils ont plutôt choisi la simplicité et la décontraction, déboulant sur le terrain bordelais ensoleillé souriants, au son du joyeux classique de Kool & The Gang « Celebration ». Atelier volley pour Emmanuel Meafou, Paul Costes et Rodrigue Neti, partie de foot pour une partie de l'effectif dont le revenant Ange Capuozzo ou rugby - mais en marchant - pour une autre... la suite de la séance ouverte à la presse n'a laissé transpirer aucun trauma dans ce groupe si expérimenté.
Les blessures successives de cadres comme Blair Kinghorn, Peato Mauvaka et Thomas Ramos, à quelques jours seulement de cette demi-finale de Coupe des champions, n'ont-elles pas perturbé leurs coéquipiers ? Évidemment que si. Sur le coup, elles les ont même touchés. D'abord parce qu'elles les affaiblissent sportivement à l'approche d'un des matches les plus importants de leur saison que va évidemment aussi manquer Antoine Dupont. Ensuite parce que Mauvaka a été durement touché (rupture du ligament croisé d'un genou) et sera longtemps indisponible.
« On a fait une très bonne semaine d'entraînement mais il y a eu des pépins et notamment celui de Peato qui est bien plus grave et qui nous peine tous, a rappelé le visage fermé Julien Marchand, son binôme au poste de talonneur en club comme en sélection. On est très déçus pour lui, d'autant plus que c'est arrivé pendant l'entraînement, ce sont des choses qu'on n'aime pas voir. On l'a vu au sol et on s'est tout de suite resserrés et mobilisés. » Ugo Mola y a d'ailleurs veillé.
« Pierre Villepreux me disait : amuse-toi bien à regarder ton équipe type, tu ne joueras jamais avec. Donc il n'y a pas d'équipe type »
Ugo Mola
Le manager sportif est apparu détendu en conférence de presse, même au moment d'évoquer cette succession de blessures dont il reconnaît l'impact psychologique, lui qui a observé ces dernières heures le comportement des joueurs allant remplacer les blessés : « Quand tu les regardes, tu vois dans leurs attitudes et dans leurs regards qu'avant de penser à pouvoir saisir leur chance, ils sont avant tout navrés pour leurs coéquipiers. C'est ça qui est remarquable avec ce groupe. C'est ça qui lui permet peut-être aussi d'avoir un karma qui lui va bien. Quand vous n'avez pas dans un moment clef Antoine Dupont, Peato Mauvaka, Thomas Ramos, Blair Kinghorn, Richie Arnold, ce n'est évidemment jamais simple. Mais j'avais un entraîneur célèbre du Stade Toulousain, en l'occurrence Pierre Villepreux, qui me disait : amuse-toi bien à regarder ton équipe type, tu ne joueras jamais avec. Donc il n'y a pas d'équipe type. »
Mola a certes reconnu que ces absences représenteraient « un petit bout d'inconnu », que celle de Thomas Ramos aurait une conséquence stratégique de poids. Mais il a expliqué avoir confiance dans les ressources de son effectif pour s'en sortir. Au vu de l'équipe qu'il aligne, on peut le comprendre. « On va espérer que notre puits reste intarissable et que de l'intérieur se révéleront pleins de joueurs », a-t-il assuré.
Studieux en conférence de presse comme à l'entraînement samedi, les Bordelais sont d'ailleurs restés bien prudents sur ce sujet. « Tout le monde a parlé de leurs gros absents cette semaine, mais ce n'est pas forcément inquiétant pour eux, a insisté Maxime Lucu. On sait quels joueurs les remplacent, ils ont deux, voire trois équipes compétitives, il n'y a pas de débat là-dessus. » Il devrait en revanche y en avoir un sur le terrain ce dimanche après-midi.