Ce samedi, à Bayonne, le Vannetais Cyril Blanchard sera très certainement remplaçant au poste de talonneur. Ce sera sa 21e apparition en Top 14 et la 12e fois depuis le début de la saison qu'il commencera sur le banc. « Jean-No me donne souvent ce rôle de finisseur. » Jean-No, c'est Jean-Noël Spitzer, le manager du RCV. Cyril Blanchard l'appelle comme ça. Il est arrivé au club il y a 8 ans, en provenance de Bourg-en-Bresse qui évoluait en Fédérale 1. C'est un ancien de la maison, une mémoire, un leader malgré son inexpérience à ce niveau.
Cette saison, le talonneur de 35 ans (1,75 m ; 111 kg), originaire d'Arras où tous ses meilleurs amis vivent encore, a découvert le Top 14. Il savoure donc chaque minute même si, concédait-il la semaine dernière, autour d'un café pris au centre d'entraînement du club morbihannais, « Je préfère le numéro 2 au numéro 16 ».« Mais je suis content de ma saison, de mon temps de jeu, c'est une belle surprise, je prends tout ce qu'il y a à croquer, je me régale un maximum, j'ai envie de jouer tous les matches, c'est super excitant. »
« Je progresse tous les jours, c'est aussi ça qui donne envier de continuer »
Cyril Blanchard
En 2024, quand il a signé un nouveau contrat de deux ans, il était persuadé que c'était le dernier. Il n'en est plus vraiment sûr. « Mais c'est dur d'arrêter quand tu te sens bien. Je pense être aujourd'hui un meilleur athlète. Je progresse tous les jours, c'est aussi ça qui donne envie de continuer, tu as toujours un nouveau truc, tous les jours. »
Il évoque par exemple les trente minutes du lundi, passées au côté de Pascal Bury, éducateur sportif, guide et formateur en pêche sous-marine et spécialiste de l'apnée, ou les séances de lancer avec Goulven Le Garrec, le papa de Nolann, le demi de mêlée du Racing 92. « Même les jours qui sont off, il y a du monde au camp d'entraînement, raconte Cyril Blanchard. Par exemple, là, aujourd'hui c'est off, eh bien les talonneurs sont venus lancer. Et tous les jours off, on vient. Chacun vient comme il veut, mais il y a souvent du monde. On fait ça depuis plusieurs années, et on a plaisir à venir, surtout avec la qualité du centre d'entraînement qu'on a... On n'est pas les plus talentueux, il faut donc travailler plus et on travaille plus, ici à Vannes. »
« J'ai découvert le Top 14 sur le tard. Il y a dix ans, j'étais en Fédérale 1 (...) à chaque fois, j'ai des frissons. Tu joues contre des grosses équipes, tu te retrouves en face des meilleurs joueurs du monde »
Cyril Blanchard
Malgré les « défaites horribles », comme la dernière concédée à la dernière seconde contre la Rochelle (29-30, le 10 mai), le mauvais classement, il assure n'avoir jamais été « down cette saison. » Quand il a besoin de se changer les idées, il se transforme en pêcheur sous-marin, ou entraîne les jeunes, et ses fils âgés de 8 et 9 ans, qui n'ont pour l'instant pas vraiment l'envie de se poser en première ligne.
« J'ai découvert le Top 14 sur le tard, ce n'est que du plaisir, et j'essaye d'en prendre un maximum. Il y a 10 ans j'étais en Fédérale 1, et je ne me suis jamais dit que j'allais jouer en Top 14. À chaque fois, j'ai des frissons, tu t'entraînes dur pour vivre ça. Tu joues contre des grosses équipes, tu joues Toulouse, tu te retrouves en face des meilleurs joueurs du monde, dans des stades qui sont remplis, avec des ambiances incroyables. Il y a eu de l'appréhension, c'est évident. T'arrives dans un Championnat que tu ne connais pas. Une fois que tu rentres dans le bain, t'oublies et tu fais ce que tu sais faire. »
Et il y a aussi l'histoire du club qui porte, l'histoire de ce groupe qui se connaît depuis longtemps, qui savait qu'il allait jouer le maintien.« Et puis notre histoire, ce n'est pas seulement du RC Vannes, c'est l'histoire d'un territoire. On le ressent quand on va s'entraîner ailleurs, à Plouharnel, à Pontivy. On sent un souffle. On a même l'impression parfois d'être investis d'une mission, quand tu vois la Rabine, l'engouement. C'est magnifique. Même à l'extérieur, on est soutenus. On voit ces drapeaux bretons... »
Ils flotteront au vent dans les tribunes du stade Jean-Dauger de l'Aviron Bayonnais, ce samedi (16h30), ce stade imprenable depuis des mois et des mois où le RC Vannes devra exister pour rêver encore.