Les artères lilloises ne bruissent pas encore des futurs exploits du LOSC, elles dévoilent d'abord les premières animations estampillées Tour de France dont le départ sera donné samedi. Les stands s'installent à leur rythme, quelques camionnettes refilent déjà des casquettes officielles sous un ciel capricieux.
Olivier Giroud, champion du monde de retour, ne verra rien de tout ça, de ces préparatifs. Juste après sa conférence de presse, à la mi-journée, mercredi, la recrue française phare du Championnat, avec Paul Pogba, son pote, s'est envolée vers Grenoble où elle a rejoint sa famille. Giroud est attendu le 21 juillet, au maximum, pour prendre part à une aventure tellement inattendue quand il rêvait de stars hollywoodiennes et de grands espaces au coeur de cette Amérique fantasmée.
Mardi matin, il a donc remis les pieds à Paris, une fois son contrat avec le Los Angeles FC rompu, au bout d'une aventure sportive oubliable scellée par une Coupe du monde des clubs dans la peau d'un remplaçant. À peine sorti de l'avion, Giroud s'est dirigé vers l'hôpital américain de Neuilly où il a enchaîné les tests physiques, premier palier de décompression, avant de rejoindre Lille.
Létang lui a longtemps couru après
Une journée pour tout régler, signer un contrat, enchaîner les photos et les vidéos pour les médias du club. Sur la place de l'opéra, où s'est tournée la promo en début de soirée, sa popularité a frappé les esprits. En quelques minutes, une cinquantaine de personnes s'est agglutinée pour le féliciter, lui glisser un mot de bienvenue ou simplement lui serrer la main, comme cet homme, maillot de Zinédine Zidane sur le dos, époque 2006. Les Bleus se posent en lien indéfectible. On n'est pas recordman des buts (57 en 137 capes) en équipe de France sans posséder une aura particulière. Comme si les si nombreuses critiques d'un temps s'étaient totalement effacées... Les réseaux sociaux du LOSC ont d'ailleurs vu leurs comptes exploser à son évocation. « J'ai trouvé ça génial d'être au contact des supporters même si rien n'avait été communiqué, dira Giroud plus tard. J'ai trouvé ça sympa, bon enfant, dans un super état d'esprit. »
Une fois toutes ces prises de vues réglées, Giroud a mangé, le soir, avec Olivier Létang dans un restaurant très apprécié par le président lillois. La fin d'une première journée éreintante, jet lag oblige, trente heures sans vraiment dormir, avant la conférence de presse attendue du lendemain. Létang tenait enfin son Giroud.
Il pouvait lui raconter comment il avait tenté de l'attirer à Reims, quand l'attaquant portait le maillot d'Istres (2007-2008), le début de son histoire. « Le scout, au bout d'un quart d'heure, m'a dit : "Il ne vaut rien", rigole le président. Ensuite on rencontre Tours, où il jouait, en Coupe de France. Et au bout de dix minutes, j'appelle mon scout et je lui dis : "Mais tu te moques de moi, c'est un avion ! J'adore !" Bon, je n'ai pas gardé le scout. » Létang a encore tenté une autre fois de l'accueillir à Rennes (nov. 2017- févr. 2020), mais sans succès. Les voilà enfin unis au LOSC. Et sur l'estrade du centre d'entraînement en ce jour de présentation officielle, même costume-cravate sur mesure, dress code oblige.
« Je me sens bien physiquement, ne vous inquiétez pas ! »
Olivier Giroud
Giroud déroule alors les raisons de ce come-back, son bonheur de relever un nouveau défi. Dans cet exercice, il se montre charmeur, fin, parfois drôle, n'éludant aucune interrogation sur son état physique ou son passé de remplaçant en MLS. Mais ce n'est pas sur une estrade, sapé comme un milord, qu'il sera attendu.
« Il y a environ deux semaines, j'ai eu Olivier (Létang) au téléphone pour un premier contact (initié par son agent) et j'ai tout de suite été séduit par le projet lillois. Revenir en France treize ans plus tard, après Montpellier, c'est une chance et un défi incroyables pour moi. Je suis heureux et très excité. Mais je n'arrive pas dans la peau du messie. J'aurais ce rôle de grand frère un peu dans le vestiaire. Je sais l'engouement qu'il peut y avoir avec ce type de retour comme avec celui de Paul (Pogba). Je me sens bien physiquement, ne vous inquiétez pas ! Je suis prêt à relever ce challenge encore une année. Pour moi, c'était important de finir ma carrière en France même si ce n'était pas l'objectif, il y a quelques années. Et j'ai hâte de commencer à travailler avec Bruno (Genesio), un grand entraîneur qui correspond aux valeurs que j'ai sur le foot. »
Le matin même, Giroud avait passé quelques minutes avec Eden Hazard en FaceTime, son copain connu à Chelsea. Et un ancien de la maison nordiste. Il n'aura pas vraiment besoin de ses conseils. À bientôt 39 ans (le 30 septembre), il connaît son métier par coeur. Au point même d'être rincé, fatigué par trop de bastons de surfaces ?
Il répond, sourire franc : « Je me sens bien malgré mon âge et je veux jouer jusqu'à ce que mon corps me dise stop. J'ai cette motivation, cette détermination et surtout cette passion du jeu qui m'anime. Je peux apporter, j'ai besoin de défi et ce défi-là me parle. Je ne suis pas inquiet sur mon niveau de jeu, sur mes capacités physiques. » Il doit maintenant le démontrer sur le terrain. Son ultime défi.