Grégory Lorenzi n'est pas en vacances et était mercredi à Rennes pour assister à la finale du challenge Espoirs entre le SRFC et Monaco. Pendant une heure, le directeur sportif de 41 ans, qui reçoit soixante coups de fil par jour, a balayé les points chauds de la saison écoulée et de celle à venir, en revenant notamment sur la prolongation récente de son entraîneur, Éric Roy.
« Quelle note attribuez-vous à la saison de Brest ?
C'est difficile (rires). Mais je mettrais un beau 15/20. Parce que c'est une saison aboutie. Sur le classement, c'est un top 10 (9e), et Brest n'en a pas l'habitude. La campagne européenne a été exceptionnelle, on n'aurait jamais pu croire à un play-off. La petite amertume est la Coupe (éliminé par Dunkerque, L2, en quarts). Mais il y a un sentiment de fierté à travers toute cette saison. On a réussi à retourner pas mal de vestes.
Qu'est-ce qui a fonctionné ?
On a finalement réussi à gérer nos émotions entre la Coupe d'Europe et le Championnat, car c'est toujours le point d'interrogation. La déception est peut-être de ne pas avoir gagné autant de matches contre des équipes où ça aurait dû être mieux géré. Après, je ne vais pas noircir le tableau, les joueurs ont joué une cinquantaine de matches (48). On a eu aussi plus de blessés, mais quand Bradley Locko se fait le tendon d'Achille (en août), on maîtrise moins. Et puis, le tirage des play-offs de C1 (PSG)... Cela aurait été mieux de jouer contre une équipe d'un Championnat différent.
Si on vous dit que votre top recrutement de la saison est Ludovic Ajorque, et qu'on a été un peu déçus par Romain Faivre...
C'est un avis, que je peux comprendre. Il y a des joueurs pour lesquels on attendait davantage, Romain en fait partie. Mais, ma plus grande frustration est de ne pas avoir vu jouer Soumaïla Coulibaly plus souvent. Il a énormément de qualités, et ses blessures ont freiné sa progression. Ludo, je n'avais aucune inquiétude. Même s'il sortait d'une saison plus difficile en Allemagne (à Mayence), j'étais persuadé qu'il se serait épanoui.
L'actualité, c'est la prolongation d'Éric Roy. En avez-vous douté ?
J'ai toujours été calme. On savait qu'on devait avoir une réponse avant la fin du Championnat, on avait du temps pour se retourner. Il n'y avait pas de raison que ça ne puisse pas continuer. Je peux comprendre qu'Éric ait voulu se laisser le temps de la réflexion. Il a voulu continuer l'aventure avec nous, et je pense que c'est une bonne chose pour tout le monde. On lui a formulé une proposition en décembre. Il faut comprendre que jusqu'à début mars, on jouait tous les trois jours... On s'était dit qu'on se laissait un peu de temps. Le plus important était de savoir s'il avait envie de rester. C'est ce qu'il m'a certifié.
« Il ne faut pas vendre du rêve aux gens sous prétexte que Brest a été en Ligue des champions »
Les moyens financiers sont annoncés à la baisse. Vous confirmez ?
Oui. Bien sûr. La « clé sous la porte » (sans la C1), non, le club ne l'aurait pas mise. Maintenant, il faut être bien clair. La Ligue des champions nous permet d'avoir l'argent pour nous garantir de passer la DNCG, mais on ne roule pas sur l'or. On va peut-être devoir vendre avant d'acheter. Le projet est donc toujours le même : assurer notre maintien en L1, avec la volonté de faire le meilleur Championnat possible. Il ne faut pas vendre du rêve aux gens sous prétexte que Brest a été en Ligue des champions.
Il y a eu des sifflets - isolés - lors des derniers matches à Le Blé. N'avez-vous pas peur de décevoir après ce parcours hors du commun ?
Pas du tout. Les vrais, je les connais. Quoi qu'il arrive, ils seront là. Les nouveaux, qui ne sont venus que parce que c'était la Ligue des champions et se sont dit "tiens, il y a un club de foot à Brest", ceux-là, je n'en ai rien à faire. Qu'ils sifflent, c'est peut-être qu'ils n'ont rien compris. Ce n'est pas grave.
Avez-vous une idée de votre futur effectif ?
Vingt-deux joueurs et trois gardiens. Et s'il faut faire vingt, ce sera vingt. On n'aura plus de Coupe d'Europe, ça ne sert à rien d'entasser les joueurs. Mahdi Camara ? On a eu une discussion avec lui, on sera à l'écoute, il a donné beaucoup. Si demain, il souhaite aller voir au-dessus, pas de problème. Mais il est sous contrat (2027), on ne le met pas dehors. Aujourd'hui, il n'y a pas d'offre ni de tarif plancher. Marco Bizot (en fin de contrat en 2026) ? Il est sur le départ. Cela fait deux ans qu'il a émis le souhait de partir pour des raisons personnelles. Il aimerait trouver un endroit différent pour sa famille.
Pourquoi avoir proposé une prolongation à la baisse à Mathias Pereira Lage, en fin de contrat ?
Il connaît les raisons, j'ai été transparent avec lui. Il sait qu'on souhaite le garder. Mais il y a des choses que le club souhaite faire et ne peut pas. C'est à lui de se positionner pour qu'on puisse trouver une solution.
Un dernier cas nous intéresse...
Ah ? Moi ? (Sourire.) On ne sait pas ce que peut nous réserver la vie, mais je suis très bien à Brest. Je connais l'environnement dans lequel je suis, je n'ai pas émis la volonté de partir.
Vous serez Brestois la saison prochaine ?
Oui. »