Ils ont l'âge de passer le permis de conduire, parfois même le bac. Ils sont jeunes, ambitieux, et ils font partie des figures de ce PSG revitalisé, derrière les cadres plus expérimentés. Ils s'appellent Nuno Mendes (22 ans), Bradley Barcola (22), Joao Neves (20), Willian Pacho (23), Désiré Doué (19), Warren Zaïre-Emery (19), à un degré moindre Gonçalo Ramos (23) ou encore Lucas Beraldo (21). Le plus « ancien » (Nuno Mendes) est arrivé avec Leonardo, la plupart ont été dénichés par Luis Campos dans l'élan de la nouvelle politique voulue par les dirigeants. Le virage pris il y a deux ans, après des années de bling-bling assumé, reposait sur un drôle de pari : miser sur des joueurs à fort potentiel mais pas encore installés parmi le gratin international.
En un ou deux ans, ils ont acquis une autre dimension et largement participé à écrire une des plus belles saisons de l'histoire parisienne, en attendant de connaître peut-être le Graal européen samedi à Munich, contre l'Inter Milan en finale de la Ligue des champions. Ils ne sortent pas de nulle part non plus, ils ont d'ailleurs - à l'exception de Zaïre-Emery, formé au club - tous été achetés contre de confortables chèques, totalisant à eux sept plus de 350 M€ d'indemnités de transfert, bonus compris. Mais à dire vrai, ils n'étaient pas forcément attendus pour performer aussi vite et en interne, on avait même admis la possibilité de vivre une période de transition avant de retrouver des jours plus fastes. Au lieu de quoi, ils ont pris le club à son propre jeu.
Individuellement, ils ont à peu près tous passé un cap au cours de cette saison aux allures de roman d'apprentissage. Ils ont souffert ensemble, traversé un automne agité qui les a fait grandir et gagner en expérience. On n'aurait pas écrit ça quelques années en arrière, où les plus jeunes éléments de l'effectif ressentaient une vive défiance de la part des entraîneurs et d'une partie du vestiaire (et ils le leur rendaient bien), mais cette nouvelle génération a trouvé dans le PSG d'aujourd'hui un contexte favorable à son développement.
L'influence décisive de Luis Enrique
D'abord un projet taillé pour eux, où ils sont invités à avoir le beau rôle et à se partager la distribution. La matrice collective leur permet d'ailleurs de devoir supporter individuellement moins de poids, à l'exception d'Ousmane Dembélé mais qui n'est plus un rookie. Ensuite un coach qui s'est donné les moyens de les accompagner au travers d'une méthode qu'on pourrait résumer en ces mots : de l'exigence mais pas trop de pression. Le technicien les a à la fois traités comme les autres, en leur demandant la même chose et en leur portant la même considération, mais il prenait soin de ne pas les écraser sous les responsabilités.

Conscient que jouer dans un club comme Paris peut être compliqué, Luis Enrique n'a jamais voulu griller les étapes. Quand ils connaissaient des périodes de moins bien (Barcola, Doué, Neves...), il prenait soin de les épauler, de leur témoigner sa confiance, leur assurant que c'était juste passager et que cela allait revenir. Le turnover mis en place par l'Asturien n'est pas anodin là-dedans. Il assure quoi qu'il arrive un temps de jeu non négligeable à toutes ses troupes (sauf ceux sur lesquels il ne comptait plus, comme Randal Kolo Muani, Marco Asensio ou Milan Skriniar), un élément essentiel pour continuer de progresser à cet âge.
Résultat, on sent chez plusieurs joueurs un épanouissement, chacun dans son registre. Que ce soit Nuno Mendes, depuis qu'il a été « libéré » tactiquement. Ou Neves, après avoir été baladé un peu partout (6, 10). Ou Doué, devenu si fluide et influent. Ou Pacho, qui a d'emblée trouvé sa place. Preuve de cette croissance, plusieurs d'entre eux sont devenus internationaux A, ou se sont installés en sélection. Et, s'ils ont coûté cher comme on l'a dit, ils ont tous été valorisés depuis leur arrivée à Paris, à l'exception de Ramos.
À présent, il faudra observer comment évoluera la cohabitation avec Luis Enrique, qui n'apprécie rien tant que les joueurs malléables. « C'est impressionnant le travail réalisé avec eux. Je suis juste curieux de voir si le succès va les changer et comment ils vont se comporter à l'avenir, avec leur changement de statut et du regard porté sur eux... », souffle un ancien de la maison.