Sabrina Sebaihi s'était fait connaître par le monde du sport avec la commission d'enquête parlementaire dont elle avait été la rapporteure. Pendant plusieurs mois, en 2023, la députée écologiste et sociale a mené une multitude d'auditions pour enquêter sur les dysfonctionnements des Fédérations. Et a fait grincer de nombreuses dents.
Toujours active, elle a été reçue ce mardi par la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative Marie Barsacq, en compagnie de Danielle Simonnet, députée de Paris (écologiste et sociale). Le but de cette rencontre était de proposer des solutions pour lutter contre l'homophobie dans les stades de football, alors que les chants à caractère homophobe ont été nombreux cette saison et signalés systématiquement par le collectif Rouge Direct et Stop Homophobie, cette association portant plainte (presque) chaque lundi. Selon les députées, la ministre aurait partagé son inquiétude sur la hausse des actes LGBTIphobes mais aussi racistes au sein des enceintes sportives.
Ainsi, les députées écologistes ont profité de cette rencontre pour demander la mise en place en place d'un ensemble d'actions. La première est portée depuis des années par le collectif Rouge Direct et Stop Homophobie, que Barsacq s'est engagée à recevoir. Il s'agit d'un dispositif tripartite d'observation dans les stades (associations LGBTI, sécurité des clubs, Division nationale de lutte contre le hooliganisme) pour détecter les comportements discriminatoires, établir des preuves matérielles pouvant servir aux magistrats lors de la sanction financière, avec une injonction à la participation à des formations. Car, comme nous le rappelions en début d'année, les parquets sont aujourd'hui dans l'incapacité de sanctionner les auteurs de chants homophobes en tribunes.
Obligation de sécurité de résultat pour les clubs envisagée
Autre solution proposée, qui fait d'ailleurs l'objet d'une proposition de loi déposée par le groupe écologiste, l'inscription d'une obligation de sécurité de résultat pour les clubs afin de les responsabiliser. Sebaihi et Simonnet demandent également l'application systématique de la procédure d'arrêt des matches en cas de chants LGBTIphobes : trois annonces, puis interruption. À ce sujet, le président de la Fédération Philippe Diallo nous a indiqué qu'il ferait passer le message aux arbitres cet été pour qu'elle soit appliquée.
Les députées souhaitent également que la retransmission audiovisuelle des matches soit interrompue lors d'incidents discriminatoires majeurs. Elles veulent aussi taper au portefeuille en subordonnant les subventions publiques à l'adoption d'une charte d'inclusion, prévoyant signalement des propos homophobes, sanctions, accompagnement des victimes et formation du personnel.
Toujours pendant ce rendez-vous, les deux députées ont rappelé qu'il était nécessaire de mener une enquête administrative à la suite de la diffusion par la LFP d'une vidéo promotionnelle du match AS Saint-Étienne - Olympique Lyonnais dont le montage comportait un chant homophobe.