Remco Evenepoel est certainement aujourd'hui le coureur le plus « aéro » sur un vélo de chrono. Le Belge l'a encore prouvé ce mercredi en remportant le contre-la-montre à Caen (33 km) avec 16 secondes d'avance sur Tadej Pogacar. Il ne se satisfait pas des multiples acquis technologiques accumulés ces dernières saisons et cherche constamment à améliorer certains détails sur lesquels il peut influer. Ce mercredi, le coureur de Soudal-Quick-Step a utilisé une nouvelle visière sur son casque de chrono, ouverte au milieu, qu'il avait portée pour la première fois à l'occasion du Critérium du Dauphiné. Cette évolution, Evenepoel l'avait souhaitée courant 2024.
« Effectivement, c'est Remco en personne qui nous en a fait cette demande la saison passée et cela pour deux raisons, détaille Léo Menville, ex coureur pro et responsable aujourd'hui des partenariats route pour la firme Specialized. Ce casque est le modèle TT5, sorti à Copenhague à l'occasion du départ du Tour de France 2022, avec la fameuse cagoule qui a été interdite ensuite par l'UCI. Avec les années, plusieurs hauteurs de visières, droites dans la forme, ont été mises à la disposition des coureurs et Remco, très souple corporellement, avait opté pour la moins haute, celle de 4 centimètres, sinon la partie basse de celle-ci venait toucher ses avant-bras. Certes, ce n'était plus le cas avec ce petit modèle, mais par contre, il y avait la présence de flux d'air qui pénétraient sur les côtés du casque, ce qui n'était pas le cas avec une visière plus haute. Il fallait donc trouver un compromis ! »
Les versions précédentes :


La nouvelle version :

Limiter les flux d'air sur les côtés et ne pas gêner les avant-bras
C'est ainsi qu'a été pensée cette visière, évidée sur la partie frontale, avec une forme non plus droite mais incurvée, et surtout une hauteur plus importante sur les côtés. De cette manière, Evenepoel a pu garder le même coefficient de pénétration dans l'air sans avoir ces flux d'air parasites au niveau des oreilles. De plus, alors que le bas de l'ancienne visière, proche des avant-bras, bloquait de l'air au niveau du menton du champion olympique et créait de légères turbulences, diriger l'écoulement d'air différemment, via une forme de visière différente, a été également efficace sur ce point-là. Le gain sur l'aérodynamisme est minime mais réel. Et la vision n'est plus parasitée comme cela pouvait être le cas avec un casque qui bougeait quand, dans certaines situations extrêmes, la visière venait toucher les avant-bras.
« Le modèle TT5 a donc trois ans maintenant et il avait été conçu, à l'époque, en grande partie avec Remco, atteste Léo Menville. Kasper Asgreen, dans l'équipe en 2022, avait également beaucoup travaillé avec Specialized sur son élaboration. Aux Etats-Unis, à Morgan Hill (Californie), là où les coureurs viennent se tester en soufflerie, nous avons un mannequin de Remco, ce qui nous a permis de travailler sur cette visière courant 2024 et de lui proposer quelques prototypes quand il est venu en novembre. La validation s'est faite facilement. »
Evenepoel n'a pas utilisé cette nouvelle visière avant le Critérium du Dauphiné parce qu'elle n'était pas encore commercialisée (le matériel utilisé par les coureurs doit être disponible à la vente, une règle imposée par l'UCI), ce qui était le cas au début de mois de juin. Portée également par Juliette Labous (FDJ-Suez) sur le chrono des Championnats de France, elle a équipé plusieurs coureurs de la formation Soudal - Quick Step lors du contre-la-montre de Caen, mercredi.