Vainqueur d'étape sur Paris-Nice, sur le Dauphiné et deuxième du Tour de Romandie, Lenny Martinez cartonne dans sa nouvelle équipe Bahrain-Victorious. Bien sûr, le Français de 21 ans rêve avant tout du maillot jaune. Mais la tunique à pois rouges ne le laisse pas insensible, histoire familiale oblige : son grand-père Mariano l'a conquise en 1978.
« Que représente pour vous le maillot à pois ?
C'est le meilleur grimpeur du Tour de France. Je trouve que c'est un beau maillot, avec ces pois rouges. Après, il me semble plus compliqué à gagner, désormais. Ça se joue entre les mecs qui vont gagner le Tour. Mais si on me dit que j'ai le maillot de meilleur grimpeur sur le Tour, je serai super content ! Franchement, ce serait bien, surtout que Mariano, mon grand-père, l'a eu avant. Ce serait cool de l'avoir aussi un jour.
Vous a-t-il déjà montré sa tunique ?
Oui. Je me souviens qu'elle est en laine. Ça m'avait choqué, je me suis dit qu'il devait avoir chaud avec ! Je ne peux pas m'imaginer porter ça maintenant (Rires.). Il la garde dans une armoire, avec d'autres anciens maillots suspendus à des cintres. J'étais jeune, je ne sais plus quel âge j'avais le jour où il me l'a montré. Mais ça donne envie de faire pareil ! J'aimerais bien l'avoir aussi.

Vous avez grandi dans le sud de la France, auprès de votre mère, avant de vous installer à 13 ans dans la Nièvre avec votre père - Miguel, champion olympique de VTT à Sydney en 2000 - où vous avez commencé la compétition cycliste. C'est à cette époque que vous avez le plus souvent côtoyé votre grand-père...
Oui, entre midi et deux, je faisais l'aller-retour à vélo depuis mon lycée pour aller manger chez mes grands-parents. Pendant une heure, il ne faisait que parler ! À la fin, j'en avais un peu marre et il fallait retourner à l'école. On discutait vélo essentiellement, mais aussi de la vie, il partait dans plein de débats (Sourire.).
Il ne vous a pas raconté son épopée de 1978 ?
Non, pas tellement. Ou alors je ne m'en souviens plus.
Pour résumer, il avait endossé le maillot à l'Alpe d'Huez, profitant de la disqualification de Pollentier (*), avant de le céder à Bernard Hinault puis de le reprendre, pour de bon, à Lausanne.
Incroyable ! J'ai déjà vu cette vidéo de Pollentier, qui s'explique après s'être fait prendre, elle est marrante. Mais je ne savais pas que mon grand-père avait pris le maillot à ce moment-là !

Et pour vous, ce maillot peut-il être un objectif cette année ?
Ouais, ouais.... Après, je préférerais peut-être gagner une étape. Mais comme c'est en montagne, le maillot pourrait arriver avec. On verra au fur et à mesure, mais c'est un bel objectif quand même.
« Je pense que son plus grand kiff serait que je prenne le maillot à pois sur le Tour ! »
Lenny Martinez au sujet de son grand-père Mariano
Vous pourriez donc vous prendre au jeu ?
Bien sûr ! Si je vois que je ne suis pas très loin... Mais il faudra aussi faire un bon Tour !
Pour revenir à votre grand-père, il disait de vous, lorsque vous n'étiez que cadet, que vous étiez un pur grimpeur comme lui.
C'est vrai. Je pense que son plus grand kiff serait que je prenne le maillot à pois sur le Tour ! Il m'avait d'ailleurs dit qu'il était plus probable que j'y parvienne que Miguel (son père, qui a disputé le Tour en 2002 avec Mapei-Quick Step). Peut-être qu'il voyait en moi son successeur pour le maillot à pois.

En 2019, vous aviez confié à Vélo Magazine qu'il était votre "coach mental", tandis que votre oncle, Yannick, était votre entraîneur et que votre père vous emmenait sur les courses le week-end.
C'était vraiment spécial (Rires.) ! Il raconte beaucoup de bêtises, mais aussi des choses qui sont vraies. Il est de la vieille époque. La nutrition et l'entraînement ont complètement changé. Mais sur les tactiques de la course, parfois, il était fort ! Il y a 80 % des choses avec lesquelles je n'étais pas d'accord. Mais parfois, il y avait un truc qui me faisait dire : "Ah, c'était peut-être vrai !"
Par exemple ?
Je ne sais plus. Mais je me souviens d'un truc qu'il m'avait dit et il avait tort ! Il disait, après le Dauphiné, qu'il pouvait laisser le vélo une semaine dans le coffre de la voiture, puis il repartait courir sans avoir roulé ! Maintenant, tu ne peux pas faire ça, ce serait n'importe quoi. Mais pour les tactiques de course, franchement, il m'a bien aidé dans les catégories de jeunes. Il était futé, et il a couru aussi chez les amateurs. C'est bien d'avoir de l'expérience, comme ça, chez les jeunes. Je sais qu'il suit toujours mes résultats et qu'il est très content de moi. »