Avec une agglomération respective d'1,4 et 2 millions d'habitants, et un potentiel télé limité à 750 000 et 1 million de téléspectateurs, Oklahoma City et Indianapolis, qui s'affrontent en finale NBA (match 1 à 2 h 30 dans la nuit de jeudi à vendredi en France), font partie des plus petits marchés de la Ligue nord-américaine. Il faut remonter à 1971 pour retrouver la trace d'une finale jouée entre deux franchises aussi modestes : celle remportée 4-0 à l'époque par les Milwaukee Bucks au détriment des Baltimore Bullets.
« On s'apprête à couronner un septième champion différent en sept ans. C'est la première fois que cela se produit dans l'histoire, et nous constatons que l'intérêt pour la NBA n'a jamais été aussi grand », commente Mark Tatum, n° 2 de la NBA, ravi que le niveau du Championnat soit de plus en plus homogène.
La NBA aurait sans doute apprécié voir une équipe comme New York atteindre la finale. Des matches à enjeux organisés dans la Mecque du basket sont la garantie d'une audience télé mondiale, en plus de partenariats commerciaux et ventes de merchandising juteux. Mais c'était sans compter sur les Pacers, portés par un jeu collectif huilé qui est venu à bout des Knicks en finale de la Conférence Est (4-2). À l'Ouest, Oklahoma City a bâti son succès sur les mêmes bases : celui d'un effectif jeune et soudé qui a réussi à faire tomber Denver, le champion en 2023 (4-3), puis Minnesota en finale de conférence (4-1).
« Nos audiences sur ces play-offs sont excellentes, peu importe la taille du marché »
Mark Tatum, n° 2 de la NBA
« La taille du marché n'est pas un facteur aussi important aujourd'hui qu'autrefois pour susciter l'intérêt des supporters, affirme Tatum. L'audience TV a été forte tout au long de ces play-offs, tant pour les gros marchés que pour les petits. Le premier week-end d'ouverture a été le plus regardé depuis 25 ans, et notre finale de la Conférence Est a été la plus regardée depuis sept ans. De plus, notre engagement numérique et sur les réseaux sociaux atteint des niveaux records. Ces contenus digitaux permettent à toutes les équipes et à leurs meilleurs joueurs d'être connus de tous, à la fois aux États-Unis et dans le monde entier. »
Deux équipes qui se ressemblent
Le deuxième point commun entre Indiana et Oklahoma City est d'avoir réussi à façonner deux équipes compétitives avec les moyens du bord. Les Pacers dépensent « seulement » 169 millions de dollars en salaire cette saison, soit le 22e budget de la Ligue. Le Thunder pointe à la 25e place avec 167 millions. Un modèle opposé à celui des « superteams » et leur empilement de stars, qui devraient se raréfier à l'avenir. La raison ? L'instauration en NBA d'une nouvelle convention collective très punitive en avril 2023 (« CBA » en anglais), qui restreint la capacité des équipes à trop dépenser et s'endetter. De quoi rééquilibrer le niveau de jeu global. « Ce que nous avons essayé de faire avec ce nouveau CBA, c'est de répartir les talents au sein de la Ligue et de mettre les équipes dans une position, où, si elles sont bien gérées, elles peuvent devenir prétendantes au titre chaque année », résume Tatum.
Les équipes marketing de la NBA ne devraient pas avoir trop de mal à faire la publicité de cette finale. Au-delà du duel de meneurs annoncé entre Shai Gilgeous-Alexander et Tyrese Haliburton, OKC et Indiana ont une histoire riche avec le basket. Le Thunder est né sur les ruines des SuperSonics, franchise de Seattle déplacée dans l'Oklahoma en 2008. Quatre ans plus tard, l'équipe s'est hissée jusqu'en finale grâce à trois futurs MVP : Kevin Durant, James Harden et Russell Westbrook, battus en finale par le Miami Heat de LeBron James (1-4). Ce parcours a attiré une ferveur populaire sans précédent à Oklahoma City, devenu l'un des publics les plus chauds de la NBA aujourd'hui. Un engouement sans doute facilité par l'absence d'une autre franchise de sport majeur en ville.
Les racines du basket dans l'Indiana
Du côté de l'Indiana, on remonte carrément aux origines du jeu. Si James Naismith a créé le basketball dans le Massachusetts en 1891, c'est dans l'Indiana que la pratique s'est développée et a pris une ampleur folle au lycée et à l'université. Larry Bird et Oscar Robertson font partie des légendes locales, tout comme l'équipe des Pacers des années 1970, triple vainqueure du Championnat ABA (1970, 1972, 1973), qui fusionnera ensuite avec la NBA en 1976. L'histoire plus récente nous ramène à l'an 2000, quand Reggie Miller qualifiait l'équipe pour sa première finale en NBA (2-4 face aux Lakers), puis aux années 2010 avec Paul George, qui butera trois saisons de suite sur Miami, d'abord en demi-finales puis en finale de conférence (2012, 2013, 2014).
De l'histoire, de la passion populaire et du beau jeu : cette finale inédite entre Oklahoma City et Indiana prouve que les plus belles pages de la NBA peuvent aussi s'écrire loin des projecteurs des grandes métropoles.