La lumière plongeante était parfaite, les rideaux qui entourent ce si atypique court 18 venaient d'être tirés, et Diane Parry était là, joie mesurée, sourire au bout des lèvres et poing fermement serré. Le coup était lui aussi parfait, avec la 15e joueuse mondiale Diana Shnaider terrassée (6-4, 6-1) par ce revers slicé, diabolique sur gazon, distillé sans modération mais non sans précision par une qualifiée, 118e mondiale, dont le parcours et le classement actuel ne reflètent en rien le niveau affiché depuis maintenant cinq matches sur cette surface qui lui va si bien.
Si la Française de 22 ans ne laissait rien transparaître, son entraîneur argentin Martin Vilar était lui bien plus expressif à la sortie du court, si heureux de voir l'ancienne 48e mondiale montrer son vrai visage sur cette quinzaine londonienne et retrouver peu à peu des standards que sa grave blessure au genou gauche en novembre 2024 avait coupés net.
« Ce n'est qu'une étape, il ne faut surtout pas s'arrêter là, mais je suis vraiment super content pour Diane après ces mois de galère, glissait-il d'un ton posé. Il y a eu le genou mais il y avait aussi des douleurs aux abdos et à une épaule, elle ne pouvait pas travailler comme elle le voulait. C'est une joueuse exceptionnelle qui pour la première fois n'est plus gênée et peut jouer libérée. J'ai toujours pensé qu'à Wimbledon elle pouvait être très dangereuse, son jeu est fait pour le gazon. Ce n'était pas évident de repasser par les qualifications pour elle, elle appartient au niveau au-dessus, mais elle a eu l'humilité de se battre et d'aller chercher sa place. Ce parcours va lui faire beaucoup de bien pour la confiance, elle va retrouver le top 100 et devrait valider le cut pour le tableau principal US Open, c'était très important. »
« Je savais que le cut pour ue le cut pour l'US Open était à la fin de Wim', je n'avais plus beaucoup d'occasions. »
Diane Parry
Alors que le score est sans appel et que l'affaire a été pliée en 1h11, l'entame de match ne disait pourtant rien de la démonstration à venir. Crispée et gênée par le faux rythme installé par la Russe, Parry n'y allait pas franchement et se retrouvait menée 4-2. Mais dans des conditions humides favorables, avec un rebond très bas, la machine s'est finalement mise en route, avec neuf jeux remportés à la suite en un claquement de doigts. « Une exhibition de tennis » en souriait même Vilar, où Parry ne ratait plus grand-chose, dictant sans cesse l'échange avec ce fameux revers slicé pour fixer et attendre l'ouverture pour envoyer sa gifle de coup droit.
Un cocktail gagnant que Parry ne voulait pas surévaluer pour autant, ne classant pas ce succès parmi les plus beaux de sa collection, bien loin derrière sa victoire à Roland-Garros en 2022 face à Barbora Krejcikova, alors tenante du titre et numéro 2 mondiale.
« C'est toujours sympa de gagner contre une très bonne joueuse, mais elle va être dure à classer. Je pense que c'est plus un tout. C'est surtout le moment, de revenir après des mois difficiles, d'enchaîner cinq bons matches, d'être au troisième tour d'un Grand Chelem. C'est ce qui fait que je suis très contente d'en être là, mais j'espère que ce n'est pas fini. Je savais que le cut pour l'US Open était à la fin de Wim', je n'avais plus beaucoup d'occasions. C'est le résultat de plein de petites choses mises bout à bout. Je suis très contente, mais je ne suis pas sûre d'être non plus très bien classée, il va falloir que je me bouge un peu les fesses. »
Son parcours londonien la place virtuellement au 94e rang mondial, mais elle serait bien inspirée de ne pas s'arrêter là, alors qu'une belle occasion se présentera à elle demain de mettre fin au parcours d'une Britannique, la 51e mondiale Sonay Kartal. Les réjouissances seraient alors doublées.