Ugo Humbert avait pressenti l'impact piégeux du showman Monfils, et ça n'a pas coupé. Le Messin, comme tant d'autres têtes de série ici, est tombé dans le traquenard de l'homme de 38 ans qui persiste à se régaler, et plus encore quand les matches s'étirent en cinq sets. C'est sur cette distance qu'il avait subjugué Roland-Garros face à Hugo Dellien, et les quatre heures de mardi face à Humbert ne lui ont pas fait peur, si l'on en juge par ses mimiques rageuses et/ou souriantes, ou ses postures de gladiateur, comme s'il n'arrivait pas toujours à y croire de pouvoir autant kiffer et résister.
S'il avait l'air exténué, c'était peut-être un leurre. Humbert s'est pris les pieds dans le filet, pour rentrer progressivement dans ce jeu « à la Monf' » où tant de balles reviennent, tandis que Monfils enfilait 28 aces pour faire bonne mesure. Au bout de la nuit, l'arbitre aurait dit à 5-2 au 5e set qu'il ne restait plus qu'un jeu avant l'interruption pour cause d'obscurité. Humbert a sauvé trois balles de match, avant de tomber dans les bras de son illustre aîné au finish implacable.
Le Messin avait été embarqué comme beaucoup d'autres dans le filet à surprises. Depuis l'introduction des 32 têtes de série, à l'été 2001, le record de têtes de série battues au premier tour du simple messieurs à Wimbledon était de onze (2001, 2003, 2018, 2021). Il a été battu. Quatre joueurs du top 10 out (Zverev, Musetti, Medvedev et Rune), neuf autres têtes de série éliminées (Cerundolo, Popyrin, Tsitsipas, Shapovalov, Bublik, Michelsen, Griekspoor, Berrettini, Humbert) : ce Wimbledon ressemble à un jeu de massacre.
Musetti et Bublik sautent d'entrée
À l'exception de Taylor Fritz (et encore, de justesse), il ne fallait pas briller dans cette saison sur gazon. Comme Tallon Griekspoor, titré à Majorque face à Corentin Moutet avant de chuter contre Jenson Brooksby. Alexander Bublik, la nouvelle terreur du moment après son titre à Halle et son quart à Roland-Garros, avec toute la panoplie pour figurer en épouvantail, a chuté contre l'Espagnol Jaume Munar, pas le dernier pour ne rien lâcher dans un match. Le Kazakhstanais a pourtant servi pour le match dans le quatrième set, avant de s'étonner de la qualité de son adversaire : « Il a gagné trois matches sur gazon dans sa vie, et il bouge comme Djokovic... » Un brin hautain.
Demi-finaliste l'an dernier, Lorenzo Musetti n'a pas vraiment existé contre le frappeur géorgien Nikoloz Basilachivili, ex-top 20 qui a retrouvé de la lourdeur dans ses frappes depuis quelques semaines après divers déboires. « Au fur et à mesure du match, j'ai vraiment perdu ma concentration et je n'étais pas réactif au service, se plaignait l'Italien. Même dans les mouvements latéraux, j'avais l'impression de n'avoir jamais joué sur cette surface... » Herbe folle.