Les deux hommes restaient sur une demi-finale de l'Open d'Australie écourtée par Djokovic après un set pour cause de blessure à la cuisse gauche. La pilule n'était visiblement pas passée et le Serbe avait à coeur d'enfoncer un peu plus la tête de son adversaire sous l'eau, lui qui peine à retrouver son élan de la fin de saison dernière depuis que Jannik Sinner l'a assommé en finale à Melbourne (défaite 6-3, 7-6, 6-3). Et ce malgré un titre à Munich à domicile aux airs de victoire en trompe-l'oeil.
Coupable d'un mauvais jeu de service à froid, Djokovic fut breaké d'entrée et incapable de combler son retard par la suite. Mais la perte de ce set, le premier depuis le début du tournoi, n'était pas de nature à le décourager. Très en jambes dans son jeu de défense, il se lança dans une campagne d'amorties toutes plus lumineuses les unes que les autres au point d'user et d'écoeurer un Zverev de moins ne moins lucide dans le petit jeu.
Si le score de la deuxième manche (6-3), ne reflète pas l'intensité du bras de fer et les nombreux jeux à égalité, le 6-2 administré dans la troisième au finaliste du tournoi l'an dernier raconte l'emprise progressivement totale d'un Nole redevenu « Djokosmic » par séquences. Longueurs de balles, variations incessantes, zones touchées au plus près des lignes, il délivra une véritable masterclass jusqu'à un break d'entrée de quatrième set qui semblait condamner définitivement Zverev.
L'Allemand, qui visait une cinquième demi-finale d'affilée à Roland-Garros, exploit que seuls Djokovic, Nadal et Federer ont réussi dans l'ère Open, semblait alors totalement résigné. Il n'eut pas la moindre balle de débreak à se mettre sous la dent depuis la seule qu'il avait obtenue dans le deuxième set à 1-3, sans la convertir, jusqu'à 2-3 dans le quatrième. Un rallye ébouriffant de 41 coups de raquettes, dont trois amorties inégales de Djokovic, la dernière s'avérant payante, lui claqua la porte au nez. Après 3h17 de jeu et à la cinquième balle de match, c'en était fini de ses espoirs de recoller au score pour basculer dans un hypothétique cinquième set de folie.
Voilà donc Djokovic en demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem pour la 51e fois de sa carrière, ce qui constitue un record de plus dans sa galerie pantagruélique. Cette deuxième victoire de la saison contre un top 10, après son quart de finale de l'Open d'Australie remporté face à Carlo Alcaraz (3e), constitue la victoire référence qui lui manquait depuis le début de saison sur terre battue, et ce même s'il avait remporté un 100e titre à Genève en amont de ce Roland-Garros, mais sans battre un membre du top 30.
Pareille démonstration dans la dernière night session de cette édition lui servira de rampe de lancement idéale avant le choc face à Jannik Sinner vendredi, en demi-finales, alors que les deux hommes sont à égalité dans leur duel avec 4 victoires partout.