« Les All Blacks ne peuvent pas être désacralisés » : le centre des Bleus Émilien Gailleton admiratif du rugby néo-zélandais
Décidé à devenir plus créateur dans le jeu, le centre palois fait partie des rares à avoir déjà battu la Nouvelle-Zélande - le 16 novembre 2024, au Stade de France, 30-29 - et ressenti les radiations d'un haka pas comme les autres.
Émilien Gailleton, prêt à affronter les All Blacks lors de la tournée d'été. (A. Mounic/L'Équipe)
Émilien Gailleton, prêt à affronter les All Blacks lors de la tournée d'été. (A. Mounic/L'Équipe)
Émilien Gailleton, prêt à affronter les All Blacks lors de la tournée d'été. (A. Mounic/L'Équipe)

« Les All Blacks ne peuvent pas être désacralisés » : le centre des Bleus Émilien Gailleton admiratif du rugby néo-zélandais

Décidé à devenir plus créateur dans le jeu, le centre palois fait partie des rares à avoir déjà battu la Nouvelle-Zélande - le 16 novembre 2024, au Stade de France, 30-29 - et ressenti les radiations d'un haka pas comme les autres.

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Même avec les yeux pas tout à fait en face des trous en raison d'un recalage horaire qui demande du temps, impossible de ne pas remarquer, lundi dernier pendant un entraînement sans retenue aucune, la présence super énergique d'Émilien Gailleton, au centre, à l'aile, au sol, en l'air, partout.

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Le lendemain, malgré notre contrôleur qualité sommeil criant toujours à l'assassin, impossible à nouveau de ne pas trouver singulier ce jeune homme de 21 ans au discours si réfléchi. Posé dans un canapé rouge à la Drucker et à l'étage d'un hôtel Art déco du centre-ville d'Auckland, le Palois revenait d'une séance de cinoche (né en Angleterre d'une mère anglaise, il est parfaitement anglophone) consacré au dernier volet de la saga des « 28 » (28 ans après). Une façon de prendre du plaisir en se faisant peur tout à fait raccord avec l'idée qu'on se fait de cette tournée de trois tests en Nouvelle-Zélande.

Le mythe Blacks : Beauden, Conrad et les autres

Le quinze de France a battu la Nouvelle-Zélande les trois dernières fois, les U20 ont tordu les Baby Blacks en 2023 (35-14), et encore en 2024 (55-31). Pour la génération Gailleton, le mythe des All Blacks garde-t-il le même pouvoir de fascination ? « Les All Blacks, ça reste quand même incroyable. J'ai grandi avec cette période de 2011 à 2019 où ils ont roulé sur tout le monde, où ils étaient presque imbattables. J'ai admiré l'équipe de 2015, peut-être l'une des meilleures équipes de tous les temps. Les All Blacks, ça m'inspire toujours un sentiment de puissance, de force. Ils ont ce body language qui donne l'impression qu'ils ne doutent jamais. Ils ne vont jamais montrer la moindre faiblesse. Toi t'es en face, tu les regardes et tu te dis : ''Merde, est-ce qu'ils sont quand même dans le dur ou pas ?'' Après avoir enchaîné 2-3 séquences de jeu longues, t'es cuit mais est-ce qu'en face ils sont cuits aussi ? Voilà, ils te font réfléchir. Pour moi, les All Blacks ne peuvent pas être désacralisés. »

En 2015, le jeune Gailleton avait 11 ans et il se pâmait devant Beauden Barrett (remplaçant lors de la finale de la Coupe du monde) qu'il a croisé en novembre au stade de France et qu'il recroisera à un moment ou à un autre cet été. « Je l'adorais. Il était super rapide, super-agile, toujours dans les bons timings. Après, Sonny Bill Williams m'impressionnait aussi : sa puissance dans les duels, ses offloads... Dans cette équipe, il y avait aussi Conrad Smith. Ce n'est pas le nom qui vient en premier mais quand tu regardes de près cette équipe, il était essentiel par sa science du placement et de l'anticipation. Je l'ai croisé quand il est revenu plusieurs fois à Pau (Smith a joué à la Section entre 2015 et 2018) et il m'a scotché parce qu'il connaissait toute ma vie. Il savait que ma mère était anglaise alors que j'avais fait deux mois de Top 14. Il était en train de me débriefer mon match, c'était fou. Je me suis rendu compte que j'avais un profil de jeu similaire au sien : pas le plus costaud de la ligne de trois-quarts mais beaucoup de répétitions de tâches, beaucoup d'activité avec ou sans ballon. Il avait donné à notre entraîneur à Pau Geoffrey Lanne-Petit des exos où justement il fallait bouger en fonction du défenseur, savoir où le ballon allait arriver pour avoir un temps d'avance. C'est quelqu'un qui m'inspire. J'ai aussi eu la chance de jouer avec Sam Whitelock pendant un an. Premier arrivé, dernier parti, toujours prêt à faire du rab alors qu'il avait 35-36 ans ; on touche du doigt cette mentalité dans le travail pour tendre vers le très haut niveau. »

Le programme des Bleus en Nouvelle-Zélande
Test-match 1 : Nouvelle-Zélande - France (à Dunedin, samedi 5 juillet, 9 h 05)
Test-match 2 : Nouvelle-Zélande - France (à Wellington, samedi 12 juillet, 9 h 05)
Test-match 3 : Nouvelle-Zélande - France (à Hamilton, samedi 19 juillet, 9 h 05)
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La chaleur du haka de novembre

Le 16 novembre dernier, à 21 heures et des brouettes, Gailleton a ressenti physiquement le haka. C'était son premier et il restera inoubliable. « C'est une des meilleures émotions que j'ai pu vivre dans le rugby. Après-coup, j'ai entendu dire que c'était un des plus beaux hakas grâce à la scénographie avec ce jeu de lumières, le respect du public... Comment décrire ce que je ressentais ? J'avais le corps plein de frissons, une sensation de chaleur en moi, le coeur qui bat à 10 000 et pourtant une impression de légèreté. J'ai même envie de dire que j'avais cette ''chance'' d'être remplaçant le jour de ce premier haka. Je n'avais pas à basculer tout de suite sur mes premières tâches, je pouvais vraiment profiter du moment, me laisser monter assez haut parce que j'avais le temps de redescendre après. C'est incroyable à quel point ce moment m'avait donné un coup d'énergie. En fait, t'es un peu hors de ton corps. »

Emilien Gailleton espère profiter de cette tournée pour s'installer durablement chez les Bleus.  (A. Mounic/L'Équipe)
Emilien Gailleton espère profiter de cette tournée pour s'installer durablement chez les Bleus. (A. Mounic/L'Équipe)

Pas étonnant que mardi dernier, il se soit désigné volontaire pour rejoindre Baptiste Erdocio et Tom Spring, tous torse nu, au milieu d'un rituel chanté maori donné en guise de bienvenue à la délégation française. « Je me suis dit : ''Allez, feu !'' parce que je ne vais peut-être jamais revivre ce genre de moment. C'était un honneur, un privilège. Leurs chants, hommes et femmes en canon, c'était magnifique. Et puis le message véhiculé, de vivre pleinement la vie avec des choses simples, sans avoir besoin de toujours plus, en se recentrant sur la mère nature, l'était tout autant. Ça remet un peu les pieds sur terre. » Après la tournée, sa compagne Clémentine, joueuse de Blagnac, le rejoindra ici-bas pour passer deux semaines de vacances au pays des All Blacks. 

En novembre, après les soubresauts intimes du haka, Gailleton avait aussi joué vingt minutes, succédant à Yoram Moefana. « J'ai pu expérimenter cette force qu'ils ont, ce mental de guerrier. Mais aussi cette technique, ces lignes de course. Ils jouent super bien au rugby. On a revu récemment des parties de ce match et j'avais oublié le niveau d'intensité, un niveau qu'on ne retrouve pas souvent. On avait gagné de combien ? Deux points ? Un ? Voilà, un (30-29). C'est vrai que la France a gagné les trois dernières confrontations mais ç'a été au prix de trois énormes performances. Oui oui, on entend ce que disent les médias locaux de notre équipe pour la tournée, qu'elle est sous-dimensionnée pour les All Blacks, que c'est un manque de respect d'envoyer cette équipe. Ça donne encore plus envie de prouver qu'ils ont tort. »

Une tournée pour se grandir

La configuration de cette dernière tournée sans la plupart des cadres fait aujourd'hui que Gailleton, du haut de ses huit sélections, a été promu dans un nouveau rôle de leader, signe du poids qu'il a pris dans ce groupe. « J'ai peu de sélections mais certains font leur premier stage avec nous donc c'est une opportunité pour moi de pouvoir prendre un peu les devants, notamment sur la défense. »

Quand il a débarqué sur la scène internationale, juste avant la Coupe du monde 2023, clignotait sur sa carte de visite la mention « meilleur marqueur d'essais du Top 14 » (14 cette saison 2022-2023). Le temps a passé et c'est dorénavant son haut volume de courses, ses qualités de soutien dans les rucks - vertu devenue non négociable pour un trois-quarts - et de cisailleur en défense que loue le staff des Bleus. « C'est drôle, j'ai fait un entretien individuel avec Patrick Arlettaz (entraîneur de l'attaque) il y a quelques jours. On regardait mes stats et sur les cinq derniers matches, j'avais touché 12 ballons - ce qui est très-très peu - mais plaqué 84 fois.

Depuis deux-trois ans, j'ai progressé dans le un-contre-un défensif, je domine plus mes duels. La prochaine étape, c'est mon jeu d'attaque. Même si je suis beaucoup utilisé comme leurre en attaque, j'ai besoin de devenir plus créateur, d'être beaucoup plus intelligent dans mon déplacement offensif. J'ai aussi progressé sur mes sélections de courses. Avant, j'étais un peu un poulet sans tête (rire). De huit bornes par match en club, je suis passé à sept. Si je veux avoir une carrière longue, je suis obligé d'être plus intelligent là-dessus. »

Blessé à un genou pendant deux mois au printemps, Gailleton profite et fait profiter l'équipe de France de sa fraîcheur. « Cette blessure m'a permis de faire une présaison et de réaliser ensuite ma meilleure fin de Championnat depuis que je suis pro. J'ai réussi à trouver assez vite ma vitesse max et mon accélération max. Et même de la battre sur le dernier match de préparation en Angleterre (5,49 mètres par seconde). » Dans la hiérarchie à ce poste de 13, il n'est pas encore parvenu à s'imposer comme l'option prioritaire, devancé par Gaël Fickou, Nicolas Depoortere puis Pierre-Louis Barassi (tous présents pour cette tournée).

« Pendant le dernier Tournoi, je me voyais comme le remplaçant un peu parfait mais je n'ai joué que cinq minutes contre le pays de Galles, je ne suis pas rentré contre l'Angleterre et ensuite, Fabien (Galthié) a choisi le banc en 7-1. Les performances, surtout celle en Irlande (victoire 27-42), montrent qu'il avait bien raison. Quand Pierre-Louis a pris cette place pour le Tournoi, je ne l'ai pas super bien vécu parce que ça faisait longtemps qu'il n'était plus appelé. Mais il faut dire ce qui est : il fait une saison extraordinaire et mérite sa place. Je n'ai jamais réussi à prendre cette place de titulaire mais c'est à moi d'être plus créateur en attaque. Je réussis à finir les coups mais je dois créer plus de situations quand j'ai le ballon, chose que je savais faire chez les jeunes. »

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ce qu'en disent nos lecteurs
i
Les internautes expriment des avis partagés sur le potentiel d'Émilien Gailleton à la Section Paloise, certains soulignant sa valeur et d'autres doutant de sa capacité à s'imposer. Certains fans de rugby saluent les joueurs emblématiques des All Blacks, mettant en avant des noms tels que Christian Cullen, Beauden Barrett et Josh Kronfeld.
G
Gillenn Emilien doit résigner à la Section sur le long terme et former avec Brau-Boirie la nouvelle paire de centres de l’EDF pour les 10 ans à venir.
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