
2009 : la marche argentée des Bleues en Chine
Apparue à l'Euro 2008, une jeune Alsacienne de 20 ans se révèle dans la cage de l'équipe de France, aux côtés d'Amandine Leynaud. Avec 40 % d'arrêts sur la compétition, Cléopatre Darleux tient un rôle clé dans cette aventure chinoise qui ramène les Bleues en finale mondiale, six ans après. Après la défaite contre la Russie (22-25), la joueuse de Metz ne pourra retenir ses larmes.

2011 : des lunettes qui font peur
En stage à la Toussuire avec les Bleues, à l'été 2011, Darleux ressent une insupportable douleur à l'oeil droit. Elle souffre d'un grave abcès de la cornée dû à une bactérie, qui risquera de lui faire perdre son oeil. Pendant plusieurs mois, elle sera obligée de jouer avec des lunettes de protection spéciales, celles des basketteurs américains qui ressemblent à des lunettes de piscine.

2012 : Arvor 29, le sacre et la chute
Championne de France avec Metz en 2011, la gardienne a décidé de prendre son envol pour devenir numéro 1 à Brest, au sein d'Arvor 29. Et elle récidive en étouffant Issy-Paris, le club de ses débuts pros (2007-2009), en finale (23-16, 28-25). Mais la maison bretonne, en grave difficulté financière, déposera le bilan peu après. Darleux devra s'exiler au Danemark, à Viborg, avec qui elle remportera la Coupe des Coupes (2014).

2017 : retour enchanté chez les Bleues
Revenue en France, Darleux a vécu deux saisons pénibles à Nice (2014-2016), hachées par les blessures, au point de perdre sa place en équipe de France et de manquer les JO argentés à Rio en 2016. En l'absence de Laura Glauser (maternité), elle signe un retour enchanté chez les Bleues lors du Mondial en Allemagne : 40 % d'arrêts dans un rôle de doublure de luxe d'Amandine Leynaud et, au bout, son premier titre de championne du monde.

2019 : championne et maman
À son tour, Cléopatre Darleux se met en pause maternité et accueille en novembre 2019 une petite Olympe, au nom prémonitoire. La Brestoise reviendra à la compétition trois mois plus tard... quelques semaines avant que le Covid ne mette la planète à l'arrêt. Elle n'aura de cesse, par la suite, de s'engager pour que les sportives puissent concilier maternité et sport de haut niveau.

2021 : tonnerre de Brest en Ligue des champions
Cinq ans après son retour en Bretagne, la gardienne est l'une des grandes figures de la magnifique saison 2020-2021 de Brest : champion de France, vainqueur de la Coupe et premier club français finaliste de la Ligue des champions ! En demi-finales face à l'ogre hongrois Györ, elle signe un arrêt clé lors de la séance de tirs au but sur une tentative d'Estelle Nze Minko et le BBH signe un exploit monumental (23-23, 4-2 aux t.a.b.). La finale contre Kristiansand, le lendemain, sera un moins beau souvenir (28-34).

2021 : tout l'or des Jeux
Après vingt minutes de jeu en finale des JO de Tokyo contre la Russie (30-25), Amandine Leynaud percute de plein fouet un panneau publicitaire en revenant précipitamment vers sa cage, son genou double de volume. Cléopatre Darleux sort du banc après la pause et met soigneusement en application le cri de guerre des Bleues, « Fémé boutik » : 9 arrêts à 43 %. Au bout, l'or olympique, le premier des Bleues, et le doublé du handball tricolore après le sacre des garçons la veille. Fabuleux.

2023 : le trou noir de la commotion cérébrale
Épatante à l'Euro 2022 (4e place), Darleux plonge dans le plus douloureux moment de sa carrière. Après deux ballons encaissés dans la tête, elle est en proie à une commotion cérébrale sévère et interminable. « Ce n'était pas vivable au quotidien : je ne supportais pas le bruit, les cris, avec un enfant en bas âge c'est très compliqué », raconte-t-elle. Ici en rééducation à Capbreton, elle passera treize mois sans jouer.

2024 : la renaissance aux Jeux de Paris
Débarrassée de sa commotion et revenue au jeu en mars 2024, Darleux est très peu utilisée par son club de Brest sur la fin de saison (4 matches joués). Mais le sélectionneur des Bleues, Olivier Krumbholz, compte sur son expérience dans un rôle de troisième gardienne dans le tourbillon des JO de Paris. L'Alsacienne ne jouera qu'un match, en phase de groupes contre l'Angola (38-24). Mais sa médaille d'argent (ici avec Tamara Horacek, à g., et Alicia Toublanc), qui vient de si loin, aura le goût des plus belles victoires.

2025 : le bouquet final avec Metz
Non conservée par Brest à l'été 2024, Darleux avait repoussé les avances de Metz pour faire une pause. Mais quelques semaines après les JO de Paris, elle se décide à retenter une dernière aventure en Lorraine. « Je voulais finir sur une bonne note, plus en accord avec ma carrière, dit-elle. Et je suis plus que comblée. » Sensationnelle dès ses débuts en octobre, elle transforme son équipe en formidable machine qui enchaînera 36 victoires de rang, toutes compétitions confondues, jusqu'à la demi-finale de Ligue des champions perdue contre Odense (29-31 a.p.). « Je m'en vais heureuse, confie-t-elle. D'avoir continué cette saison, d'être venue à Metz avec cette équipe et ce staff top. Je n'ai passé que des bons moments. »