Fin de l'insoutenable suspense. Alors qu'il disposait d'une proposition de prolongation depuis décembre, jouait peut-être la montre en attendant mieux et arrivait en fin de contrat en juin, Éric Roy a donc renouvelé son bail pour deux ans dans la Cité du Ponant. Le technicien de 57 ans a acté sa décision jeudi en informant son président, Denis Le Saint, et Grégory Lorenzi, un des gagnants de la séquence, puisque le directeur sportif s'est toujours dit serein sur ce dossier. Les joueurs ont été informés vendredi, quelques heures avant l'officialisation, alors qu'ils disputent ce samedi soir leur dernier match de la saison, à Nice, avant de partir en vacances.
Un sentiment de doute commençait à traverser le Finistère, ces derniers jours. Les joueurs posaient des questions à leur coach à l'occasion des entretiens individuels passés récemment, et celui-ci répondait en substance : « C'est 60-40. » L'entraîneur se demandait notamment avec quelle équipe il allait pouvoir repartir. Car, même s'il avait confié que faire moins bien ne l'effrayait pas, Roy sera confronté à un exode massif cet été, avec les fins de prêt (Coulibaly, Faivre, Fernandes, Sima et Ndiaye), les fins de contrat de Jonas Martin, Jordan Amavi et Massadio Haïdara, le bon de sortie accordé à Mahdi Camara, les envies d'ailleurs de Mama Baldé, le probable départ du gardien Marco Bizot et celui possible de Mathias Pereira Lage, qui s'est vu proposer une prolongation au rabais. Brest sera-t-il toujours attractif sans Ligue des champions ?
Son coprésident Gérard Le Saint a alerté il y a quelques jours sur le modèle économique des Pirates, à repenser. Et même Roy était peu optimiste, jeudi : « On m'a fait part de l'état financier du club. Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup d'investissements sur les joueurs l'année prochaine au Stade Brestois. Et heureusement qu'il y a eu cette aventure en Ligue des champions, parce que je pense que s'il n'y avait pas eu, on aurait mis la clé sous la porte. Donc je pense que le Stade Brestois est pour l'instant condamné à déjà jouer son maintien. »
Résultats, émotions et chant à son nom
S'il a toujours défendu ses joueurs et pu s'appuyer sur ses cadres - sauf quand Kenny Lala a ostensiblement exprimé son mécontentement en pleine causerie avant le play-off retour de Ligue des champions à Paris (0-7) -, l'un des défis de Roy sera aussi de réenchanter ses séances d'entraînement, alors que certains estiment n'avoir pas progressé sous ses ordres cette saison, et que d'autres ont parfois trouvé le plan de jeu stéréotypé. Reste que les résultats et les émotions ont toujours suivi : il y a eu le maintien en 2023, la 3e place en 2024 et le parcours inattendu en Ligue des champions cette saison, entre autres.
Le public brestois avait fini par tomber amoureux du « King Eric » et créé un chant à son nom. Mercredi soir encore, lors de la retransmission du film retraçant le parcours de Brest en C1, Roy avait reçu une standing ovation de la part de toute la salle. L'aventure ne pouvait pas s'arrêter là, pas comme ça, Brest a choisi de ne pas prendre un risque inconsidéré pour la suite alors qu'une période incertaine va s'ouvrir, et Roy ne dirigera donc pas ce samedi soir son dernier match à la tête du Stade Brestois. Seul inconvénient pour lui : il faudra répondre autre chose que « Silenzio stampa » lors des prochaines conférences de presse.