Ricardinho rêve de voir, un jour, la France briller en Coupe du monde. Éliminés le week-end dernier en qualifications de l'édition 2020 face à l'Espagne et la Serbie, deux nations pro, les Bleus sont pourtant encore loin d'une première participation à la compétition suprême. Avec une vingt-deuxième place au classement mondial et pour principal fait d'armes une qualification au dernier Euro, en 2018, la France fait même figure de petit poucet à l'échelle européenne. Mais l'arrivée de la star portugaise peut, et doit, tout changer. « C'est un superbe ambassadeur et il assume ce rôle », se réjouit Pierre Jacky, le sélectionneur français.
Depuis plusieurs années, les meilleurs clubs français se heurtent au plafond de verre du professionnalisme. Le bénévolat et les arrangements pour rémunérer les joueurs dans des structures amateurs (contrats d'éducateurs, défraiements...) ont leurs limites et Ricardinho met l'accent sur un point essentiel : la FFF doit accompagner la révolution. « Son arrivée va réveiller tout le monde, confirme Michel Muffat, président de la commission futsal à la Fédération. La FFF va s'impliquer, c'est évident. On est encore très loin de ce qu'il se fait en Espagne ou au Portugal... »

Là-bas, « futsaleur » est un métier, les sponsors se bousculent, le Championnat est télévisé et les salles sont pleines. Mais l'Espagne, par exemple, compte 250 000 licenciés spécifiques futsal, la France, à peine plus de 30 000. Un chiffre trompeur, cependant, le futsal comptant en réalité 210 000 pratiquants FFF, la discipline étant par ailleurs le sport UNSS (scolaire) n° 1 chez les garçons. « Ça ne se fera pas d'un coup de baguette magique, enchaîne Muffat. Mais il faut profiter de cette vague. »
Les clubs de l'élite réclament des contrats fédéraux
Les clubs de l'élite réclament la possibilité de proposer des contrats fédéraux aux joueurs, comme en D1 féminine. « Avant 2017, le futsal n'était pas une priorité, concède Philippe Lafrique, en charge de la discipline au sein de la FFF. Désormais, il l'est. On met les moyens en conséquence (3 millions d'euros par an environ investis par la FFF) car il existe une volonté politique. Les clubs trouvent qu'on ne va pas assez vite. On va mettre en place des contrats fédéraux mais on a des exigences. Et certains clubs, même s'ils travaillent beaucoup, ne sont pas encore assez structurés pour cela. »

Le déclic pourrait aussi venir des clubs de foot professionnels. « Pour moi, ce que fait l'Olympique Lyonnais depuis quelque temps est aussi important pour notre futur que l'arrivée de Ricardinho », confirme Pierre Jacky. L'OL a commencé à intégrer le futsal en préformation il y a près d'une dizaine d'années, à l'initiative d'un jeune technicien, Amaury Barlet, joueur de futsal et cofondateur de l'ALF, le club de Sainte-Foy-lès-Lyon en banlieue rhodanienne. Arrivé à l'OL en 2011 à la tête des U12, aujourd'hui responsable U17 à l'OL, Barlet avait alors insisté pour mettre en place un créneau de futsal hebdomadaire. La génération 2000, celle des Mohamed Bahlouli (Sampdoria), Pierre Kalulu et surtout Maxence Caqueret, fait office de génération test. « On s'est vite rendu compte que c'était ultra-bénéfique pour les gamins », explique le technicien.
Le club signe à l'époque un partenariat avec l'école normale supérieure de Lyon : l'ENS prête un gymnase, l'OL cède en échange un terrain en pelouse pour les étudiants. « On a systématisé le futsal une fois par semaine des U10 aux U13. Et on a observé que les séances les plus intenses étaient celles au gymnase, souligne Barlet. En futsal, tu identifies les points forts et les points faibles d'un gamin en dix minutes. »