Des dirigeants au vestiaire : chronique de la faillite sportive du Stade de Reims
Dirigeants, entraîneurs, joueurs : toutes les composantes de la galaxie du Stade de Reims ont leurs responsabilités dans sa relégation inattendue.
Le staff et les  joueurs de Reims lors de leur défaite en barrage face à Metz le 29 mai (1-3 après prolongation). (Jean-Baptiste Autissier/L'Équipe)
Le staff et les  joueurs de Reims lors de leur défaite en barrage face à Metz le 29 mai (1-3 après prolongation). (Jean-Baptiste Autissier/L'Équipe)
Le staff et les joueurs de Reims lors de leur défaite en barrage face à Metz le 29 mai (1-3 après prolongation). (Jean-Baptiste Autissier/L'Équipe)

Des dirigeants au vestiaire : chronique de la faillite sportive du Stade de Reims

Dirigeants, entraîneurs, joueurs : toutes les composantes de la galaxie du Stade de Reims ont leurs responsabilités dans sa relégation inattendue.

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Champion de L2 en 2018, Reims pensait s'être installé en L1, avec trois présences dans le top 10 et une zone rouge toujours lointaine. Mais marquée par l'arrivée du coach slovène Luka Elsner, débauché du Havre, l'intersaison 2024 l'a aussi été par une cure d'austérité. Ainsi, le défenseur Mamadou Sarr (Strasbourg, puis Chelsea), dans le viseur en juin, est devenu inaccessible dès juillet.

L'ÉQUIPE
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Le SDR n'a rien dépensé pour attirer Cédric Kipré (libre), Gabriel Moscardo et Aurélio Buta (prêtés). Les expérimentés Yunis Abdelhamid, Thomas Foket, Benjamin Stambouli ont été libérés tandis qu'Amir Richardson et Kamory Doumbia (10 M€ pour le premier, 5 bonus compris pour le second) ont été vendus. Si la saison avait bien commencé (14 points sur les sept premières journées), la machine s'est vite enrayée, exposant des faiblesses rédhibitoires et symboliques à trois moments clés.

La faillite d'un système (Saint-Etienne, le 4 janvier)

Déjà en chute libre (six points en huit matches), Reims, alors 10e, va à Saint-Étienne le 4 janvier. Elsner, qui a préparé toute la semaine autour du capitaine Emmanuel Agbadou, a appris la veille que le défenseur ivoirien a été transféré pour 20 M€ à Wolverhampton. Comme un an auparavant avec la cession du milieu Azor Matusiwa à Rennes (15 M€), le SDR sacrifie la performance sportive sur l'autel de la survie financière. Il paie au prix fort la crise des droits TV, ses erreurs de recrutement récentes (Mohamed Daramy à 12 M€ alors que Keito Nakamura évolue au même poste, Amine Salama à 4 M€), son manque de vision (ventes de Bradley Locko, Fallou Fall, Ilan Kebbal...)

« On a l'impression que nos 20 points sont une sécurité. Il est important de tirer la sonnette d'alarme », lâche alors Elsner, qui ne digère pas les critiques de sa direction après ce revers chez les Verts (1-3). Une semaine plus tard, son équipe s'incline encore à domicile devant Nice (2-4). Le lendemain, une short-list de successeurs potentiels est dressée. Aucun ne viendra par manque d'envie ou de moyens. L'entraîneur slovène, lui, tiendra quelques jours, avant d'être limogé le 3 février, dernier jour du mercato et de la vente du milieu Marshall Munetsi à... Wolverhampton pour 20 M€, encore ! En cruel manque de leaders, le groupe va plonger.

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Les leaders déraillent (Auxerre, le 9 mars)

C'est contre Auxerre (0-2, le 9 mars) que Reims perd vraiment les pédales. Sans succès lors des treize matches de L1 précédents, l'équipe est menée 0-2 après 24 minutes à Auguste-Delaune. Juste avant la pause, Yehvann Diouf et Valentin Atangana s'invectivent avec virulence aux yeux de tous. Un mois avant, après Nantes (1-2, le 2 février, le dernier match d'Elsner), le jeune milieu s'était accroché avec Cédric Kipré, à l'abri des regards.

« Ce n'est pas ce que les supporters attendent de nous. Ils attendent de nos joueurs qu'ils soient plus combatifs pendant le match et un peu moins dans les temps où le ballon n'est pas en jeu, a lâché ce 9 mars l'ex-adjoint Samba Diawara, auquel on a presque forcé la main pour devenir entraîneur principal. Dès que ça tourne dans le sens de l'adversaire, il n'y a pas de révolte. On sent une équipe sans âme ! »

Cette âme aurait pu être incarnée par Teddy Teuma, seul véritable taulier encore présent. Mais le milieu maltais (31 ans), amoindri en début d'exercice par un souci au dos mal géré, a été sorti à la pause contre l'AJA. Encore capitaine, il venait de pester ostensiblement contre plusieurs jeunes équipiers et a été catalogué comme « leader négatif » par sa direction. Celle-ci a donc décidé de le mettre à l'écart.

Pourtant, plus jamais apparu en L1 ensuite, il est entré à Cannes (N2) en demi-finales de la Coupe de France et a ironiquement marqué le but de la qualification pour la finale (2-1, le 2 avril). Il était donc largement « récupérable » à ce moment-là. Le club a préféré le maintenir loin du groupe, l'autorisant même à partir en vacances avant le barrage fatal contre Metz (1-1, 1-3 a.p.) et la finale perdue face au PSG (0-3). Un mauvais choix. Un de plus. Celui de faire venir Yannick Noah au plus près du groupe entre les deux matches contre les Messins n'aura pas non plus eu les effets escomptés.

Un jeu affligeant (Montpellier, le 27 avril)

Les « miracles » contre l'OM (3-1, le 29 mars) et à Lens (2-0, le 11 avril), comme les a qualifiés Diawara, ont été suivis par une victoire contre Toulouse à Delaune (1-0, le 20). Reims peut donc valider son maintien le 27 avril, à Montpellier. Déjà relégué, le MHSC reste sur onze défaites d'affilée. Dans une Mosson morose, le SDR est auteur d'une prestation indigne et ne parvient pas à marquer (0-0). « C'était du niveau d'un match amical dans l'ambition, l'agressivité, la maîtrise du ballon, tacle Diawara, que certains joueurs, pourtant pas irréprochables, surnomment « mou-mou » dans le vestiaire pour moquer sa nonchalance. On s'est laissés griser par les résultats précédents. Offensivement, on n'a rien proposé. »

Un mal récurrent cette saison. Luka Elsner, coach aux idées offensives à Amiens ou au Havre, n'a jamais établi de plan de jeu séduisant. Même constat pour Diawara, qui a immédiatement abandonné sa philosophie pour évoluer avec un bloc très bas, en 5-4-1, laisser la possession et tenter des transitions. « Je déteste jouer comme ça, avouera-t-il le 22 avril. Nous n'avons pas les capacités pour jouer haut. » Sa formation ne les avait tout simplement pas pour rester en L1.

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Le président Caillot est pointé du doigt pour la faillite sportive du Stade de Reims, avec des critiques sur sa gestion et des choix controversés. Certains supporters regrettent le manque de joueurs locaux et dénoncent une politique axée sur la vitesse plutôt que la technique.
Rubrique-a-brac Est-ce qu’on parle dans l’article des « Fameuses liaisons dangereuses » ? Nicollin, Labrune, Nasser. CAILLOT s’est pris pour ce qu’il n’était pas. Un grand Président.
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