Il s'agit d'un territoire inédit et aride que Reims déteste devoir défricher. Des finalistes, et même des vainqueurs de Coupe de France (comme Nice en 1997, Strasbourg en 2001 ou Lorient en 2002) relégués en L2, cela a existé. En revanche, dans toute l'histoire des barrages, depuis leur réintroduction en 2017, ou lors des temps plus anciens (avant 1993), jamais un barragiste n'a dû disputer une finale durant cette période ! Mais alors que sur toute la saison, le Stade de Reims n'a occupé cette position qu'après la 28e journée, puis à l'ultime minute de la dernière, samedi - à cause du but vainqueur du Havre à Strasbourg (3-2) au bout du temps additionnel, conjugué à sa défaite à Lille (1-2) - cet enchaînement à hauts risques lui est donc imposé.
Ainsi, l'euphorie de jouer sa quatrième finale de Coupe samedi (à Saint-Denis, au Stade de France, 21 heures) face au Paris-SG - après les victoires de 1950 et 1958 (et la défaite de 1977), à l'époque glorieuse du club, aussi marquée par six titres de champion et deux finales de C1 - se retrouve noyée dans l'angoisse d'une éventuelle relégation. Avec ces matches couperets à disputer dès ce mercredi soir à Metz (3e de L2), puis le jeudi 29 mai (20h30) à Auguste-Delaune.
Samba Diawara se retrouve donc confronté à un authentique casse-tête chinois, à la quadrature du cercle. Comment gérer son effectif et faire comprendre sans heurts à certains éléments majeurs qu'ils devront sans doute « zapper » la finale, pourtant un moment unique dans une carrière ? « Je me mets à la place des joueurs : évidemment que jouer une finale de Coupe, ça compte et je ne peux pas me permettre de dire le contraire. Mais ce qui compte le plus à mes yeux, à ceux du club et ça doit être le cas pour eux aussi, c'est qu'on puisse se maintenir en L1 », martèle l'entraîneur champenois.
Sans Teuma, écarté et déjà en vacances
Enfant du SDR, où il a été formé avant de le quitter en 2018 sur la remontée en L1 (le club espère donc y rester une huitième saison de suite), Jordan Siebatcheu enchérit : « Tout le monde sait que l'objectif numéro un est de se maintenir. Si on y parvient et qu'on perd la finale 0-3, ce sera le dernier de mes soucis ». L'avant-centre américain (29 ans, 9 sélections, 1 but) reste conscient que ce passage au second plan d'un tel événement, surtout devant le finaliste de la Ligue des champions (contre l'Inter Milan, le 31 mai), suscite de l'amertume. Chez les supporters, les Ultras, désabusés, ayant décidé de ne pas se rendre à Metz, comme chez les joueurs : « On voulait que ce 24 mai soit une fête pour la ville et il y a de la déception. Mais dans la vie, il y a des priorités. Et là, c'est clairement de rester en L1 ! », confirme Siebatcheu.
Mais pour ça, sachant que la direction et le coach ont choisi d'écarter depuis plusieurs semaines l'ancien capitaine Teddy Teuma (31 ans), autorisé à partir en vacances, alors que le groupe manque cruellement de leaders, il faudra d'abord se montrer costaud dans les têtes. Diawara insiste en interne comme en externe sur « la capacité à rebondir » de son équipe, qui reste sur trois revers de rang, mettant par exemple en avant le succès devant l'OM (3-1, le 29 mars), après 15 matches sans gagner en L1. Mais il y a aussi et surtout eu la fragilité mentale étalée au pire moment, à Montpellier (0-0, le 27 avril), puis devant Saint-Étienne (0-2, le 10 mai). Ensuite, il faudra se montrer efficace. Et là, avec sept buts inscrits sur les quatorze dernières journées et une escouade offensive en totale perte de confiance, hormis Keito Nakamura, ce n'est pas gagné non plus...